Philippe Lejeune
 

Le journal comme « antifiction »

Intervention au colloque "Diaris i Dietaris" (10-12 novembre 2005)
organisé par le Département de Philologie Catalane de l'Université d'Alicante


Je viens de vérifier sur Google : le mot « antifiction » est libre, du moins pour la théorie littéraire. Il y a un groupe hip-hop qui occupe le terrain, c’est tout. Donc pas de concurrence. Aujourd’hui, dès qu’on invente un mot, il faut prendre un brevet. Serge Doubrovsky croyait avoir créé en 1977 le mot « autofiction », mais en 1998 son petit cousin Marc Weismann soutint que le concept avait été inventé dès 1965 par Jerzy Kosinski, ce que Philippe Vilain s’employa à prouver faux cette année même dans Défense de Narcisse. Si je raconte cette histoire drôle, c’est que j’ai créé « antifiction » par agacement devant « autofiction », le mot et la chose. J’aime l’autobiographie, j’aime la fiction, j’aime moins leur mélange. Je ne crois pas qu’on puisse vraiment lire assis entre deux chaises. La plupart des « autofictions » sont lues comme des autobiographies : le lecteur ne saurait faire autrement. Ce sont des autobiographies qui prennent des chemins tordus vers la vérité. Pourquoi pas. Mais on n’a guère moyen de savoir en quoi consiste la torsion. Donc je préfère, c’est un choix personnel, les textes qui affrontent en face l’impossible vérité, éventuellement par des voies obliques, comme Perec et d’autres, mais loyalement et sans inventer. Et j’en arrive à mon thème d’aujourd’hui. Cette tendance à l’invention, lucidement assumée par les autofictionneurs, est souvent soupçonnée d’être, mais cette fois en toute naïveté, le péché mignon des autobiographes eux-mêmes. C’est la pente savonneuse de la mémoire, traditionnellement regardée comme un vice. Remercions Paul Ricœur  d’en avoir fait une vertu sous le beau nom d’« identité narrative ». Nous ne sommes pas des hommes-mensonges, nous sommes des hommes-récits, qui recomposons sans cesse le passé pour l’intégrer à notre projet dans le monde actuel. Mais cette reconstruction, même guidée par un souci éthique de vérité, flirte avec l’invention. Il m’a semblé, j’en reviens à mon néologisme, que sur ce point, l’autobiographie et le journal étaient orientés de manière opposée. L’autobiographie vit sous le charme de la fiction, le journal est aimanté par la vérité.

Qu’on me comprenne : je ne veux pas dire que les autobiographies seraient fausses et les journaux vrais, mais je parle de la dynamique de ces deux postures d’écriture, postures qui sont co-présentes, avec des proportions variables, dans tous les textes personnels. Dans une étude consacrée à la manière dont un journal peut « finir », j’ai essayé de montrer que le problème de l’autobiographie, c’est plutôt le commencement, le gouffre de l’origine, et celui du journal, surtout la fin, le gouffre de la mort. Tout autobiographe peut finir son texte, en menant le récit jusqu’au moment de son écriture, son vrai problème est en amont, de construire quelque chose de solide en arrière. Mais le passé n’offre qu’une résistance limitée aux pouvoirs de l’imagination. « A beau mentir qui vient de loin », dit le proverbe. Il n’en est pas de même de l’avenir. Un diariste n’est jamais maître de la suite de son texte. Il écrit sans pouvoir connaître la suite, et encore moins la fin, de l’intrigue. Le passé est bonne pâte, il est relativement facile d’éviter qu’il vous contredise (quoiqu’il y ait parfois de terribles retours de vérité !). L’avenir est impitoyable et imprévisible. Avec lui, on n’a pas les coudées franches. Et le présent surtout, objet de l’écriture diariste, oppose un démenti immédiat à tout ce qui serait de l’ordre de l’invention.

J’ai retrouvé mes idées sur l’incompatibilité du présent et de la fiction dans le dernier cours de Barthes, La Préparation du Roman (2003) :

Peut-on faire du Récit (du Roman) avec du Présent ? Comment concilier – dialectiser – la distance impliquée par l’énonciation d’écriture et la proximité, l’emportement du présent vécu à même l’aventure. (Le présent, c’est ce qui colle, comme si on avait le nez sur le miroir.)

Barthes s’en tire, puisqu’il veut de la littérature à tout prix, par l’idée qu’il existe tout de même un « art du présent », art de la « notation », qui serait le « haïku ». Cela me semble… à moitié juste. Le haïku est un art de l’instant plutôt que du présent. L’instant, c’est un fragment de temps arraché à la continuité, au flux incessant qui va du passé vers l’avenir (ou l’inverse !). Le présent, c’est ce qui coule, qui est daté et qu’on vit seul. Le haïku est rarement daté, souvent impersonnel. Pour Barthes, le haïku est la bonne image du présent, et le journal la mauvaise. Avec sa date, ses détails, sa première personne, sa contingence, sa solitude, c’est ce qu’il a essayé et disqualifié (« Délibération »).

La reconstruction imaginaire du présent ne saurait être vue et vécue que comme mensonge, ou comme folie, et elle aura du mal à tenir le coup dans la durée. Comment ajuster chaque jour ses inventions d’hier aux réalités d’aujourd’hui ? C’est un travail à temps plein que de maintenir les deux lignes parallèles. Elles vont rapidement diverger à l’infini. La fiction naïve, ou l’autofiction délibérée, sont faciles dans le champ du récit autobiographique rétrospectif ou synthétique. Le journal la rend impossible, ou du moins très difficile : il est « antifiction », comme on dit « antidérapant », ou… « antimite ». Me voilà revenu à mon néologisme. Je ne cherche pas, en bricolant ce mot, à définir un nouveau genre, à tracer une case de plus dans le paysage littéraire actuel, mais à désigner une propriété constante de ce type d’écriture.

Que le journal soit « antifiction » ne veut pas dire qu’il soit « antisubjectivité », évidemment. Cette distinction, que bien des gens peinent à faire quand il s’agit de récit autobiographique, va de soi dans le cas du journal : rien n’est plus subjectif, rien n’est moins fictif. Cela ne signifie pas non plus qu’il soit « anti-art » : c’est une erreur commune aujourd’hui que de confondre art et fiction. Catherine Rannoux a publié récemment une intéressante étude stylistique sous un titre bizarre, Les Fictions du journal littéraire. Elle y analyse le dialogisme et l’intertextualité dans l’écriture de trois des diaristes français les plus acharnés à la poursuite de la vérité, Paul Léautaud, Jean Malaquais et Renaud Camus. À ce compte, existe-t-il dans le langage autre chose que de la « fiction » ? Tout langage est partagé, tout récit est une construction. Ce qui distingue la fiction de son contraire, et donne au mot un sens, c’est la liberté d’inventer, opposée au projet (naïf, certes – mais la vie elle-même est naïve) de dire la vérité.

Le succès du mot « autofiction » vient du souci qu’ont eu certains écrivains contemporains de s’affirmer comme artistes (« Je suis oiseau, voyez mes ailes », comme dit la chauve-souris du bon La Fontaine), comme si la vérité n’avait pas, elle aussi, des ailes, comme si tenter de dire vrai n’était pas une contrainte forte qui pouvait vous mener au sommet de l’art. Mais avec le journal, il faut fatalement chercher l’art ailleurs que dans la fiction, ce qui amène à remettre en cause certains canons académiques. Le journal est une sorte d’« installation », qui joue sur la fragmentation et la dérive, dans une esthétique de la répétition et du vertige très différente de celle du récit classique. J’y reviendrai.

Mon néologisme est donc une sorte de plaidoyer. Derrière cette petite aventure lexicographique, il y a toute mon histoire. J’adore lire des fictions, mais je suis incapable d’en écrire. Adolescent, j’ai tenu un journal, qui m’a déçu : j’écrivais mal, mais fidèlement, les déceptions de ma vie. C’est pourquoi, devenu adulte, j’ai tant investi dans l’autobiographie, comme objet d’étude et comme pratique personnelle : arriver à construire, dans le champ de la vérité, une œuvre d’art ; ou bien arriver, par le travail de l’écriture, à cerner la vérité. Ou plutôt les deux à la fois. D’où ma théorisation du « pacte autobiographique », qui est évidemment un pacte « antifiction ». Mais une des différences entre l’autobiographie et le journal, c’est que pour l’autobiographe, l’antifiction est un engagement à prendre et à tenir ; pour le diariste, c’est une contrainte de base… à prendre ou à laisser. Il suffit de s’être engagé dans la pratique du journal, et c’est lui qui décide pour vous du reste. C’est comme les lois de la pesanteur : impossible d’y échapper. Si vous vous mettez à inventer, vous serez vite éjecté. Pas besoin de signer un pacte avec un lecteur. C’est une alliance mystique avec le Temps. J’ai évité jusqu’ici de définir le journal par l’intimité ou le secret : c’est une dimension importante, mais secondaire, facultative et récente (fin XVIIIe siècle). L’essentiel est le rapport au temps et le soutien qu’il apporte à la recherche de la vérité. Depuis les années 1980, j’ai peu à peu désinvesti par rapport à la construction autobiographique. Ce que j’aimais dans l’écriture poétique de Michel Leiris, c’était qu’il avait renoncé au récit, et cherché une sorte de « mouvement perpétuel » de l’écriture de soi, centré sur le présent. Mais il s’agissait d’un présent diffus, non daté. Même si je n’ai pas la prétention de l’imiter, le modèle donné par Claude Mauriac dans Le Temps immobile me semble fascinant : dans son journal d’une lecture autobiographique de son journal, les reconstructions rétrospectives perdent toute nocivité, toute massivité, puisqu’elles laissent intact le journal exploré et qu’elles se succèdent avec fluidité au fil d’un journal d’exploration… La véritable « corne de taureau », c’est moins la mise en danger apportée par le regard d’autrui que le fait d’écrire face à demain, face au vide, face à la mort. Si le secret du journal a tant d’importance, malgré tout, c’est à cause du temps immense et vide qui, grâce à lui, s’étend devant vous. Stendhal le remarquait, on est alors délivré du souci de plaire ou de convaincre. Impossible d’imaginer la mentalité de ceux qui vous liront dans cent ans : il ne reste plus qu’à être vrai.

« Antifiction », ce petit mot, pas très joli je l’admets, me semble dire quelque chose d’autre que le classique « non-fiction » des Anglo-saxons. Il est plus combatif, moins mou. Il est aussi plus précis, il ne s’applique pas à l’ensemble des textes qui ne pratiquent pas la fiction (définition négative), mais à une catégorie particulière de textes qui la rejette violemment (définition positive). Au contact de la fiction, le journal s’étiole, s’évanouit, ou fait une crise d’urticaire. Les autobiographies, les biographies, les livres d’histoire sont immunisés, ou contaminés, ils ont la fiction dans le sang. Je me rends bien compte que j’exagère, que je simplifie. Il y a des transitions, des nuances, c’est parfois moins simple. Des objections vont vous venir à l’esprit. Vous aurez raison. Mais « antifiction » est comme une loupe : ce qu’il grossit est réel. Je reviens à mon début : cherchez dans les « autofictions » actuelles celles qui seraient le journal réel et daté de leur auteur. Il n’y en a aucune. En revanche, prenez Le Mausolée des amants, le journal d’Hervé Guibert, par ailleurs grand autofictionneur, depuis Mes parents jusqu’au Protocole compassionnel : son journal, laboratoire de ses autofictions, se développe, lui, dans une ligne de vérité.

            Je vous ai présenté là un simple argument. Reste à l’étayer de preuves, puis à retourner le problème, car le malaise existe dans les deux sens. Si le journal répugne à la fiction,  la fiction n’est-elle pas, elle aussi, bien gênée dès qu’elle tente d’imiter le journal ?

            Les preuves semblent difficiles à trouver : puisque ma thèse est négative, ce serait plutôt à vous de la démentir par des exemples. Un de mes amis, spécialiste du journal, Michel Braud, s’est lancé sur cette piste, et il est revenu bredouille : il y a de rares autofictions qui intègrent la forme journal, mais il a dû reconnaître qu’elles n’étaient pas elles-mêmes des journaux. Même quand elles utilisent un journal réel de l’auteur, c’est à partir d’une position ultérieure : le journal utilisé n’est pas une fiction, et la fiction n’est pas produite dans les conditions du journal. Les Cahiers d’André Walter, de Gide, attribuent à un double fictif, d’ailleurs mort, un texte arrangé du vrai journal de l’auteur, bien vivant, dont ces Cahiers ne sont pas le journal. C’est une autofiction comme une autre, non un journal-fiction. Celui-ci consisterait à tenir, dans un quotidien réel, le journal d’une vie qu’on s’inventerait. Je l’ai dit, on ne peut en trouver d’exemple que du côté de la folie ou du mensonge. Côté folie, on pense tout de suite au beau roman de Patricia Highsmith, Le Journal d’Edith (1977). Ce roman n’est pas en forme de journal : la narration suit, à la troisième personne, en focalisation interne, la vie de l’héroïne, une jeune femme qui affronte une série de malheurs, un fils bon à rien, un mari qui la trompe puis l’abandonne pour refaire sa vie, en lui laissant le soin d’un vieil oncle infirme… On la voit peu à peu dériver, et se mettre à « refaire sa vie », elle aussi, mais dans son journal – un journal dont on ne nous cite de loin en loin que des bribes, et qui court sur deux registres : compte rendu réaliste pour certains fils de vie, fantasme pour d’autres, en particulier la « success story » de son fils, simple jeu d’abord, auquel elle se prend et qui se développe indépendamment de la réalité et bientôt à ses antipodes, jusqu’à la catastrophe finale. Bien sûr, cette étude psychopathologique est l’invention d’une romancière, non un document réel. Mais il m’est arrivé de croiser un cas équivalent : trois agendas des années 1989-1990, achetés dans une brocante et déposés à l’Association pour l’Autobiographie. La diariste, une femme d’une cinquantaine d’années, tantôt avait deux fils, et établissait devant notaire le partage de ses milliards, tantôt vivait seule et cherchait à faire des heures de femme de ménage.

Laissons ces pathologies lourdes pour suivre des jeux plus légers. J’ai employé le mot « mensonge » : il suppose que le journal soit communiqué, comme c’est le cas grâce à Internet. Celui-ci permet aujourd’hui qu’un journal personnel soit livré à un public au rythme même auquel il s’écrit, et non rétrospectivement, le lecteur étant dans la même ignorance de l’avenir que le diariste. Et il permet aussi de le faire à l’abri d’un pseudonyme, ce qui peut être un encouragement à inventer. Mais comment le saurait-on ? On le saura si le diariste avoue. Cela s’est passé sur l’Internet français en 2000. Une jeune fille de dix-neuf ans, supposée s’appeler Frannie, a commencé en avril un abondant journal qu’elle a tenu jusqu’en octobre, puis elle a craqué, avouant qu’elle avait menti sur certains points et qu’elle n’en pouvait plus, empêtrée dans des mensonges qui paralysaient le journal véridique qu’au fond elle voulait tenir. Sa lettre d’aveu est passionnante. Elle explique que le journal fictif qu’elle voulait tenir au début lui est vite apparu comme « pseudo-fictif », impossible à tenir dans la durée, et contraire à son désir profond. Je la citerai un peu longuement, pour faire une pause, rafraîchissante je l’espère, dans ma démonstration.

Certaines choses qui figurent dans mon journal ne sont pas vraies. Pourquoi les avoir écrites ? Je n’ai jamais eu l’intention de mentir à mes lecteurs, de les tromper, surtout pas ; tout vient d’une erreur au départ que j’ai infiniment regrettée par la suite. Au début, les quelques premiers jours de mon journal, je voulais écrire un journal fictif. Bien entendu, l’héroïne était très proche de moi – mon âge, ma ville, ma façon de penser –, je n’avais modifié que quelques détails biographiques. Mais je me suis aperçue presque immédiatement que je voulais en fait tenir un journal authentique – j’en avais envie, besoin, inventer ne servait à rien. À ce moment-là, mais je ne m’en suis rendu compte qu’après, j’aurais dû arrêter ce journal pseudo-fictif, laisser passer un peu de temps pour m’éclaircir les idées, et en commencer un vrai, en expliquant d’emblée aux lecteurs ce qui s’était passé. Au lieu de cela, comme à l’époque j’avais très peur que certains de mes proches ne tombent sur mon journal et ne comprennent qu’il s’agissait de moi, j’ai décidé de continuer ce journal, en le faisant mien mais en conservant les modifications d’origine pour préserver mon anonymat.

Seule ma biographie diffère un peu ; toutes les pensées que j’ai écrites, tout ce qui a trait à ma personnalité, est authentique. J’ai bien 19 ans, mais je suis née en septembre 1981, et non en juin comme je l’ai écrit. Je vis à Paris, mais pas dans une chambre de bonne, j’habite dans un studio. Mes parents n’habitent pas Paris, mais une grande ville de province ; je suis partie de chez eux l’an dernier, pour les besoins de mes études (je suis bien en lettres modernes à la Sorbonne). Ce qui explique que j’aie si peu parlé d’eux. Je n’ai pas de sœur : j’ai inventé Gladys parce que j’ai toujours voulu avoir une sœur, mais je ne l’ai pas créée trop conforme à mes vœux pour ne pas avoir trop de regrets qu’elle n’existe pas… En revanche, j’ai bien un frère, qui a 16 ans.

Ulysse existe, et notre rencontre s’est presque déroulée telle que je l’ai racontée, mais il y a des mois de cela ; je suis avec lui depuis le mois de janvier. Si je n’ai pas parlé de lui au début, c’est parce qu’il lit régulièrement mon journal et que cela l’aurait gêné que je parle de lui (je pense qu’à l’avenir je ne parlerai pas énormément de lui, de ce fait) […].

J’ai décidé d‘écrire la vérité aujourd’hui pour deux raisons majeures. D’une part, je déteste l’idée de mentir, même sans le vouloir vraiment, à mes lecteurs, ceux que je connais comme ceux qui ne m’ont jamais écrit ; je me sens coupable de le faire, cela me fait réellement de la peine. D’autre part j’en ai assez d’avoir un journal dans lequel je ne peux pas tout dire. Il y a des mois que cela me pèse : c’est pour cela, par exemple, que j’ai fait intervenir Ulysse : je voulais rétablir peu à peu ma véritable situation. Mais je me suis aperçue que cela ne suffisait pas, que les anciens mensonges me gêneraient toujours…

Les lecteurs de Frannie, consultés, lui ont pardonné, si bien qu’elle a commencé un nouveau journal, plus précis, moins abondant – dont je ne sais ce qu’il est devenu depuis, ni elle, et je le regrette : Internet est un média éphémère, tout y disparaît sans laisser de trace. L’aventure de Frannie est réelle, et s’est terminée par un retour au désir de vérité. Il n’y a que dans l’imaginaire que de telles aventures peuvent durer. Régine Robin, dans Cybermigrances (« La confusion des agendas », 2004), fantasme la tenue parallèle de cinq journaux, sous son nom et celui de quatre hétéronymes, entre lesquels elle éparpillerait et recroiserait toutes les dimensions possibles ou inventées de sa vie réelle. L’imaginer la dispense de le faire : son récit, suggestif et léger, témoigne de la maîtrise qu’elle a d’une identité qui, dans l’histoire imaginée, finirait par se brouiller et se perdre.

            Les journaux réels se tiennent donc à l’écart de toute invention. En sens inverse, la fiction littéraire a beaucoup de mal à les imiter. J’en donnerai deux exemples.

Le genre si développé du « roman-journal » ne peut faire illusion : c’est une création hybride qui cherche à concilier deux esthétiques contraires. Le roman-journal repose sur une série de ce que j’appellerai des « effets de journal », comme Barthes parle d’« effet de réel », effets qui, par leur intention même, désignent le texte comme fiction. Aucun amateur de journal ne peut s’y tromper – erreur qu’au demeurant ne vise nullement la fiction, pas plus qu’au théâtre un metteur en scène ne cherche à vous leurrer en figurant une forêt par un arbre. La fiction va intégrer à dose homéopathique les caractéristiques du journal les plus opposées à la narration classique. Le plus inassimilable est l’immensité (c’est d’ailleurs aussi un obstacle à l’édition des journaux réels, qui parfois dépassent les possibilités de la forme-livre). Mais aussi : la répétition ; le manque de cohérence ou de pertinence ; l’irrégularité ; l’implicite et l’allusion. Et surtout l’absence de finalité a priori du récit : là est le point central. Un journal réel est toujours écrit dans l’ignorance de son terme. Un roman-journal est toujours écrit pour mener à sa fin. L’univers des journaux réels est contingent. Celui du roman-journal est gouverné par cette providence qui s’appelle le romancier. Même s’il fait des « effets de contingence », ces effets seront fléchés. Quand nous vivons et écrivons notre journal, rien n’est vraiment fléché. Notre vie est une suite de scénarios possibles, dont l’éventail varie chaque jour, et que nous ne connaissons qu’à moitié. Personne ne sait où il va – sinon à la mort. J’ai toujours été frappé par le côté inapproprié du terme employé en poétique du récit pour désigner la narration du journal, « intercalée », dit-on, pour l’opposer à la narration rétrospective. C’est l’effet qu’elle produit après coup, à la relecture. Un journal relu par son auteur à la lumière de ce qui lui est arrivé depuis, transforme sa vie en destin. Notre journal, si je puis dire, « s’autobiographise » progressivement derrière nous (sans se fictionnaliser, puisque la retouche est interdite), mais il reste, devant nous, ouvert sur le vide. Quand j’écris mon journal, je ne suis pas « intercalé » entre deux choses équivalentes : il y a quelque chose derrière moi, rien devant. L’écriture du journal, je la dirais plutôt « progressive » : elle avance sur le front mouvant de la vie, digérant le proche passé et investissant de projets le proche avenir, c’est une sorte de moteur à réaction, ou de « surf »… J’insiste sur l’image dynamique et prospective du journal, toujours sur la crête aiguë du temps, investissant l’inconnu, alors qu’on représente souvent le diariste comme un placide boutiquier tourné vers le passé avec un regard de myope. Non, l’univers du journal, sous son aspect routinier, est tonique et tragique à la fois. Nous écrivons un texte dont la logique finale nous échappe, nous acceptons de collaborer avec un avenir imprévisible et incontrôlable. Cette absence de maîtrise propre aux journaux réels contraste avec la maîtrise imaginaire du romancier. Certes, Roquentin, dans La Nausée, ne sait où il va, il tient le journal d’un homme perdu qui cherche son chemin dans un univers absurde : mais Sartre romancier sait où il mène son personnage, et nous savons qu’il le sait, c’est rassurant. Tandis que Sartre diariste, dans les Carnets de la drôle de guerre, tient un discours éblouissant de maîtrise, mais il est évident pour nous, et surtout pour lui, qu’en réalité il ne sait pas du tout où il va, et que personne ne le sait. La grandeur du journal est dans cette humilité. Le diariste ne fait pas semblant de maîtriser le monde.

            Je reviens aux difficultés de la fiction à imiter le journal, pour ajouter qu’il s’agit là d’une convention comme une autre, analogue à celle du roman épistolaire ou du roman-mémoires, et que le roman-journal a incontestablement produit une série de chefs-d’œuvre. Il n’y aurait « échec » que si ces imitations prétendaient se substituer à la réalité, ce qui n’est pas du tout le cas. C’est le cas, en revanche, pour un autre genre, celui des « journaux imaginaires » (variétés des « mémoires imaginaires ») de personnes réelles. Là, il y a toujours échec patent, à quoi s’ajoute une forme d’indélicatesse. Celui qui prétend inventer le journal qu’aurait pu écrire une personne réelle (qui parfois en a écrit un, qui s’est perdu) s’expose à étaler en public son manque d’imagination et de talent, et une sorte de manque de respect humain. Imaginez qu’après votre mort, quelqu’un écrive votre journal ! Il ne pourrait que remoudre, dans des formes convenues ou pastichées, une information obtenue par d’autres sources. S’il s’égare au-delà, ce qui serait, dans une biographie, hypothèse, prendrait ici figure d’imposture. De toutes façons, il lui est, par définition, impossible de produire l’effet que produisent les journaux réels, et qui nous les fait aimer : la surprise. Les gens n’écrivent jamais les journaux qu’on croit. On tombe souvent des nues, de déception (par exemple quand on a publié le journal de la Drôle de guerre de Raymond Queneau en 1986) ou d’éblouissement (quand on a publié en 1983 les carnets que Sartre avait tenus à la même époque). Les malins qui prétendent savoir ce qu’un autre aurait écrit dans son for intérieur s’exposent à apparaître comme des naïfs. La sévérité (excessive !) de ces formules m’empêche de donner des exemples, on le comprendra, d’autant plus qu’assez souvent on se lance dans de telles aventures avec de bons sentiments mal inspirés, et le désir louable de prolonger la vie d’une personne à laquelle on s’identifie. Mieux vaudrait faire retour sur soi-même, et tenir son propre journal.

Me voilà sévère pour les imitateurs de ce genre, lui-même souvent sévèrement jugé. Mais si on cherche tant à l’imiter, ne serait-ce pas qu’il a, malgré tout, quelques charmes ? Des charmes auxquels on cède à contrecœur, en ronchonnant. C’est en France un exercice classique que de dénigrer le journal, au nom d’une mystique académique ou mallarméenne de la littérature. Dernier en date, le Dictionnaire égoïste de la littérature française (2005) de Charles Dantzig aligne dans son article « Journaux intimes » tous les reproches qu’on leur a faits depuis cent ans. Le principal est de n’être pas construits à partir de leur fin, comme toute œuvre d’art qui se respecte ! Le journal est sans doute la mauvaise conscience de la littérature, à laquelle il oppose sans cesse l’incomplétude qu’elle cherche à exorciser. Vous vous rappelez sans doute le diagnostic terrible que Maurice Blanchot a porté dans Le Livre à venir : « Il y a dans le journal comme l’heureuse compensation, l’une par l’autre, d’une double nullité. Celui qui ne fait rien de sa vie, écrit qu’il ne fait rien, et voilà tout de même quelque chose de fait. Celui qui se laisse détourner d’écrire par les futilités de la journée, se retourne sur ces riens pour les raconter, les dénoncer ou s’y complaire, et voilà une journée de remplie… Finalement, donc, on n’a ni vécu, ni écrit, double échec à partir duquel le journal retrouve sa tension et sa gravité ».  Je me permettrai, en saluant le brillant de ces formules, de les dénoncer. Maurice Blanchot intitule son essai « Le journal intime et le récit ». Quand il dit qu’on n’a ni vécu, ni écrit, il prend « écrire » dans un sens absolu, et semble voir dans « le récit » une sorte d’idéal, aveuglé par cette mystique de la littérature que Sartre, justement, a dénoncée dans Les Mots. Mais le journal n’a pas de telles prétentions. Tard venu dans le champ de la littérature, il en apparaît le cancre, le mauvais élève, il ne rend à la fin de l’épreuve que de laborieux brouillons. À quoi l’on peut répondre deux choses : si l’on joue le jeu proposé par Blanchot et qu’on se place dans le champ de la littérature, on peut voir au contraire dans le journal une force d’opposition et de renouvellement, qui conteste les modèles esthétiques classiques, en introduisant comme des ressorts dynamiques la fragmentation, la répétition et surtout l’inachèvement, et qui joue sur un nouveau type de rapports entre l’auteur et le lecteur, celui-ci étant investi d’un rôle plus actif. Mais c’est un autre jeu que je voudrais jouer pour finir, en partant du principe que le journal n’est que secondairement une forme littéraire : il est d’abord une pratique de vie, qui passe par l’écriture mais ne s’y résume pas. Le journal est un processus qui connaît trois phases différentes, emboîtées les unes dans les autres : un noyau secret, très difficile à observer (un peu comme certains états de la matière, évanescents, qu’on reconstitue par hypothèses et ricochets), c’est le va-et-vient entre la rumination de notre vie et l’écriture, qui laisse sur le papier des traces où l’explicite sert de support à un implicite foisonnant et de moteur à l’action quotidienne ; seconde phase, à partir de laquelle cette masse en fusion commence à se solidifier, se simplifier et s’altérer, c’est la relecture par l’auteur. Elle comporte différents degrés, depuis ce que j’appellerai la relecture de proximité, quand on jette un œil au journal de la veille pour se remettre dans le bain et attaquer celui d’aujourd’hui, à la relecture lointaine, qui autobiographise le journal et prépare la troisième phase, la lecture par autrui. Cette dernière phase est extrêmement éloignée de la première : lire le journal d’un autre est un exercice spirituel qui demande beaucoup de concentration et de temps, pour deviner, entr’apercevoir, le profil de ce qui a été vécu. Voilà donc, dépliée dans le temps, cette pratique que représente pour moi le journal personnel, pratique qui se métamorphose progressivement, pour la personne elle-même d’abord, puis dans la transmission à autrui. Ces anamorphoses, comment les observer ? Je reviens à Maurice Blanchot, pour suggérer, irrespectueusement, qu’il ne sait pas bien de quoi il parle. Sa connaissance du journal est livresque, et ne semble même pas vraiment de première main. À l’exception d’un ou deux auteurs qu’il a fréquentés lui-même (en particulier Kafka), il tire tous ses exemples du livre de Michèle Leleu, Les Journaux intimes (1952), le premier livre qui ait été publié en France sur le sujet. Inspirée par la caractérologie de Le Senne, Michèle Leleu classe les journaux par type : les sentimentaux, les nerveux, les passionnés, les actifs. Son livre a eu le grand mérite d’ouvrir ce champ à la réflexion et de rassembler un premier corpus de journaux publiés. Mais on en ressort un peu accablé comme après une visite à l’hôpital. – Peut-être avez-vous réagi au mot « livresque » que j’ai employé, et me trouvez-vous injuste. En effet, quelle connaissance autre que « livresque » peut-on avoir du journal ? – On peut d’abord avoir une expérience personnelle de la chose, en général intense et partiale, pour ou contre. On peut ensuite, plus objectivement, plus largement, mener une enquête, par questionnaire, par entretien ou par appel au témoignage : c’est la méthode que j’ai suivie dans les débuts de mon travail sur le journal en France (« Cher cahier… » et Le Journal personnel, 1990), et que j’ai réutilisée quand j’ai voulu saisir ce que l’emploi de l’ordinateur et l’écriture sur Internet changeait dans cette pratique (« Cher écran… », 2000). C’est la méthode qu’a également suivie, en Espagne, Manuel Alberca, et qui a abouti à son livre fondateur, au titre splendide, La escritura invisible (2000). On peut surtout, après avoir interrogé le producteur, essayer de connaître sa production. Le livre ne donne qu’une image réduite, et appauvrie, de la réalité du journal. J’espère qu’il n’est pas trop choquant de dire cela au seuil d’un colloque qui va essentiellement porter sur des journaux publiés. Une image appauvrie : l’écriture manuscrite est la trace vivante de la personnalité et de l’instant, le cahier a une mise en page significative et contient souvent bien d’autres choses que l’écriture, c’est un monde de signes graphiques, de documents, de reliques. De tout cela, il ne reste rien dans le livre, qui souvent, de plus, ne donne qu’une partie du journal, en pratiquant, pour le rendre assimilable, des coupures ou des réécritures. Une image réduite : voici des chiffres. En France, environ 3 millions de personnes ont une pratique du journal (8% de la population active), selon les enquêtes du ministère de la Culture. Certes, ce chiffre ne veut pas dire grand-chose, les réponses, dont on ne connaît pas la fiabilité, couvrant sans doute des pratiques hétéroclites et souvent épisodiques. Mais, même s’il faut en rabattre, cela fait beaucoup de monde. Combien publie-t-on de journaux (du passé comme du présent) aujourd’hui en France : environ 80 par ans. Cette image, réduite, est-elle fidèle à la diversité des journaux réels ? Tout indique le contraire. On publie des journaux d’écrivains, de témoins de l’histoire, de gens célèbres, et de rares témoins de problèmes de société. Voici encore des chiffres : 85% des journaux publiés en France actuellement sont le fait d’hommes, et 15% de femmes. Or les enquêtes montrent que les deux tiers des diaristes sont des femmes. Les femmes écrivent, les hommes publient.

Mais, me direz-vous, comment faire autrement ? C’est très simple. Pour le passé, il faut aller travailler en archive : beaucoup de journaux sont des Belles au bois dormant qui attendent leur prince charmant. En 1991-1992, j’ai passé un an à chercher des journaux de jeunes filles du XIXe siècle français, et, là où les livres les plus sérieux en identifiaient trois ou quatre, j’en ai trouvé 115, et ce n’était qu’un début. Vous pouvez faire la même chose pour les jeunes filles espagnoles. Il est bien de faire des monographies, mais utile aussi de lire les journaux en série. Et pour le présent, il faut créer de nouvelles archives. Car à la curiosité du chercheur répond parfois le désir de communiquer un journal d’autrefois, qu’on veut sauver, ou même un journal qu’on tient maintenant. Certains diaristes détruisent leurs journaux, la plupart les gardent confidentiels ou secrets, mais d’autres veulent sortir de la solitude, connaître une forme, même modeste et privée, de reconnaissance, et échapper ainsi à la mort. En 1992, j’ai fondé en France l’Association pour l’Autobiographie et le Patrimoine autobiographique (APA), qui recueille, lit, catalogue, archive et met en valeur tous les textes autobiographiques inédits qu’on lui envoie. Nous avons déjà recueilli plus de 2000 textes, dont un quart de journaux, parfois immenses. Des centres analogues existent en Espagne, à La Rocca del Vallès, et, Anna Caballé en parlera sans doute, à Barcelone. Grâce à ce réseau d’amitiés, j’ai pu connaître un certain nombre de journaux de contemporains, qui m’ont impressionné par leur richesse et leur variété. J’ai alors voulu faire apparaître en public la face cachée du journal intime, dans un but scientifique, pour contribuer à l’étude anthropologique de ce qu’on appelle les « écritures ordinaires », et dans un but idéologique, pour inspirer du respect et de la sympathie pour les journaux. C’était en somme une expédition scientifique doublée d’une croisade. Je les ai menées toutes deux depuis 1996 en collaboration avec mon amie Catherine Bogaert. Il y a eu trois étapes. En 1997, dans le cadre de l’Association pour l’Autobiographie, sous le titre Un journal à soi, nous avons organisé à la Bibliothèque municipale de Lyon une exposition de journaux intimes, en montrant sous vitrine environ 250 journaux réels, pour grande partie contemporains. Malheureusement, les expositions sont éphémères : au bout de trois mois, il a fallu disperser ces journaux qui avaient appris à vivre ensemble, détruire les vitrines, et il n’est resté qu’un catalogue riche en information, mais pauvre en illustrations. Seconde étape, en 2003, nous avons publié aux éditions Textuel un livre-album, qui transformait l’exposition en un véritable essai, appuyé sur 150 fac-similés en couleur de journaux. Malheureusement, les livres-albums sont chers, ils ne peuvent toucher qu’un public limité, et nous avions la crainte que nos lecteurs, fascinés par les images, aient été moins curieux de lire notre texte, un essai qui voulait renouveler le discours sur le journal en l’arrachant à l’histoire littéraire pour le décrire dans le cadre plus large de l’histoire de la civilisation, et comme pratique de vie. D’où une troisième étape : en janvier 2006, notre essai va reparaître dans une présentation moins luxueuse, moins onéreuse, les illustrations étant remplacées par une anthologie qui parcourra, en soixante extraits, l’histoire du journal en France de la Renaissance à l’année 2002. Existe-t-il, en Espagne, une anthologie du journal personnel ? En France, la chose n’a été tentée qu’une fois, en 1947, par Maurice Chapelan. La nôtre est fondée sur des principes différents : pas d’extraits extensifs, mais des fragments très brefs, pour lesquels nous avons eu un coup de cœur, et qui peuvent se lire comme des petites nouvelles ou des poèmes – juste assez pour donner le goût du journal, et que l’on ait envie de se lancer dans une vraie lecture, qui ne peut être qu’immense…

            Me voici apparemment loin de mon titre et de mon point de départ : le journal comme « antifiction ». J’espère avoir néanmoins rempli mon contrat. J’ai commencé par une analyse théorique, dont j’ai ensuite tiré quelques règles d’action. C’est un honneur et une joie pour moi que de parler au début d’un colloque entièrement consacré au journal : de telles occasions sont rares. La plupart des colloques, dans le champ des « écritures de soi », sont consacrés à l’autobiographie, beaucoup de chercheurs étant embarrassés pour parler d’un genre à leurs yeux secondaire et informe. Vous allez redresser la tendance. Quant à moi, j’ai peut-être eu tort de prendre un brevet pour le mot « antifiction ». D’abord parce qu’il a sans doute été déjà inventé plusieurs fois. Ensuite parce qu’on m’a fait remarquer qu’il était si proche, phonétiquement et graphiquement, d’« autofiction » que j’aurais du mal à articuler leur différence, et qu’on allait tout confondre. Oublions le mot, examinons les idées, et pardonnez-moi d’avoir parfois forcé un peu le trait pour les faire passer. Nous avons maintenant deux jours pour établir des nuances ou partir sur d’autres pistes. Je souhaite plein succès à nos travaux et vous remercie de votre attention.

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