Colloques et appels à contributions 2015



La lettre et ses usages en Belgique francophone - revue TEXTYLES - 1er février  2015

Écrire en guerre : Archives privées, usages publics - PIERREFITTE/PARIS - 22-23 janvier 2015

Généalogie et autobiographie - PARIS - 28 mars 2015

Récit de soi, mémoire et identité - PARIS - 10-11 avril 2015

Paroles de femmes - AMIENS - 22 mai 2015

French Autopathography - L'ESPRIT CREATEUR - 15 juin 2015 (deadline)

La naissance des idées - SORRENTE (Italie) - 19-21 juin 2015

Journaux de femmes pendant la Seconde Guerre mondiale - PARIS - 20 juin 2015

L'Amitié - AMBÉRIEU-EN-BUGEY (Ain) - 10-12 juillet 2015

Écritures de soi, écritures du corps - CERISY-LA-SALLE - 22-29 juillet 2015

A la première personne - MOSCOU - 23-27 août 2015

L'autobiographe en lectrice - PARIS - 18-19 septembre 2015

Autour de la revue Epistolaire - PARIS - 19 septembre 2015

Les enjeux (en/je) de la chair dans les autofictions - PARIS - 19-20 septembre 2015

Joubert  lecteur - LYON - 13-15 octobre 2015

Le Passé défini de Jean Cocteau - MONTPELLIER - 15-16 octobre 2015

Yves Navarre : du romanesque à l'autobiographie - PARIS - 9-10 novembre 2015

Les écritures ouvrières en Europe (XIX-XXe siècle) - TURIN - 14-16 novembre 2015

Que faire des témoignages ? - MONTPELLIER - 26 novembre 2015

Le Journal de Jehan-Rictus - PARIS - 28 novembre 2015

Enjeux des usages scientifiques du témoignage - MONTPELLIER - 10 décembre 2015




Merci de m'indiquer les colloques et rencontres... qui ne figurent pas encore ici, et devraient y figurer !
philippe.lejeune@autopacte.org

Dernière mise à jour : 12 novembre 2015

1er février 2015 - revue TEXTYLES - La lettre et ses usages dans le champ francophone belge

Appel à contributions

La revue Textyles invite les chercheurs qui étudient l’épistolaire à proposer un article pour son numéro à paraître en 2015 sur le thème de la lettre et ses usages dans la littérature belge de langue française. Si le phénomène de la correspondance, de l’épistolaire ou l’écriture de la lettre a fait l’objet d’études ponctuelles, peu de travaux académiques se sont arrêtés au champ littéraire belge comme terrain d’investigation. Nous proposons de pallier cette lacune avec ce numéro que nous souhaitons aussi riche que diversifié.


Prière de faire parvenir une proposition d’article au plus tard le 1er février 2015 à l’adresse suivante : jean.plamondon@unibo.it. Les articles retenus à la suite du processus d’évaluation seront envoyés au plus tard le 1er mai 2015.


À la fois monologue et dialogue, la lettre est une production littéraire hautement codifiée, problématique dans son mode d’élocution et de transmission. Par l’absence des protagonistes, elle est pensée comme un moyen d’établir des ponts entre des espaces éloignés et des temps aussi différents que différenciés. Contrairement à la conversation orale, qui suppose l’improvisation à l’intérieur d’un temps et d’un espace communs aux locuteurs, la lettre est toujours préméditée, son message est réfléchi par l’un et par l’autre correspondants, tous deux pris séparément dans leur temps et espace respectifs où s’actualise la communication. Elle est le support d’enjeux esthétiques et stratégiques utilisés afin de construire un discours du vrai et une représentation du moi qui s’énonce par les mots déposés sur la feuille fine pour la lettre intime, et sur papier épais pour la lettre administrative. Certes, les avancées technologiques et l’arrivée du courriel modifient la manière de livrer le message des absents, mais cela n’empêche aucunement la lettre d’apparaître encore dans la littérature et le cinéma, comme si elle détenait un pouvoir énigmatique que seul son support pouvait livrer. Si sa représentation dans la production symbolique a certainement changé, il n’en demeure pas moins qu’elle est l’incarnation de l’absence et la présence d’une conscience se livrant par-delà les dimensions connues. Comme le propose Frédérique Donovan, la lettre dans la fiction suppose une théâtralité qui lui est propre et l’on peut s’étonner qu’à l’ère postmoderne, elle participe encore à l’intrigue en la préparant, l’accompagnant ou en la résolvant ; d’autant plus que son usage réel tend à disparaître. Avec la décision du Canada de cesser de livrer le courrier à domicile, il est en effet possible d’imaginer qu’avant la moitié du présent siècle, la correspondance, telle qu’on la connaît aujourd’hui, disparaitra de nos us et coutumes. Faut-il donc penser qu’aux temps de la lettre observés par Béatrice Didier (temps de l’acheminement, de l’écriture, du correspondant, celui vécu par l’épistolier), il faille bientôt ajouter celui de l’époque de la lettre, comme si elle pénétrait déjà dans le royaume du temps passé ? Le sujet qui énonce et s’énonce dans la lettre organise-t-il une résistance ou voit-il dans le courriel un espace propice à l’expression de l’épistolier ?

Depuis longtemps, le journal et la lettre ont été comparés : de longues lettres fleuves oublient en effet parfois qu’elles s’adressent à autrui, alors qu’il n’est pas rare de retrouver des pages de journal qui interpellent un lecteur, comme si le diariste s’adressait à un correspondant. Ces deux modalités d’écriture intime sont aussi parfois le théâtre d’une interaction où la lettre vient se déposer dans le journal qui prend alors la fonction d’une glose sur la lettre précisant la nature de la relation et redéfinissant autant l’épistolier que son destinataire. Dans cette fonction glossique, le journal devient un épitexte de la lettre, un métadiscours du moi sur ego, de moi sur alter, de moi sur la relation épistolaire ; il est conscience qui se réfléchit. Le journal ouvre-t-il ses pages au courriel comme il le fait aux lettres ? Le courriel est-il seulement du même registre intime que la lettre,  ou assiste-t-on à la naissance d’un micro-genre littéraire ? Le monde en évolution diminue-t-il la volonté de correspondre par les lettres ?


Dans ce numéro à paraître en 2015, la revue Textyles aimerait explorer les usages de l’échange épistolaire dans la littérature belge de langue française et analyser les pratiques de la lettre en Belgique. Le spectre est volontairement ouvert de manière à multiplier les approches et les corpus de ce type de discours de l’intimité. Sans prétention à l’exhaustivité, ces quelques pistes pourront alimenter la réflexion :

•    Comment la lettre est-elle livrée et quel en est l’impact sur sa réception ?
•    Quel est le poids du secret dans la construction du sujet ?
•    Quel est l’usage d’une lettre privée réutilisée dans l’espace public ?
•    La lettre intime et la lettre publique ont-elles une poétique différente ?
•    Quelle est l’inscription de la lettre et quelle est la représentation du sms/texto dans le journal ?
•    Les écrivains et les artistes laissent-ils dans leurs lettres des traces de leur art ? Trouve-t-on, comme dans des carnets, des poèmes ou des dessins ? La lettre de l’artiste annonce-t-elle le projet artistique, le livre-t-elle, le commente-t-elle ? La correspondance de Félicien Rops nous apprend que la lettre peut aussi être un lieu d’expression artistique : est-ce un cas isolé ou est-ce que les artistes utilisent la lettre comme un espace hybride de communication réunissant à la fois une communication écrite et dessinée ?
•    Quelle est la représentation du champ artistique ou littéraire dans la correspondance des acteurs desdits espaces ?
•    La lettre est-elle un espace privé pour confronter les tabous ?
•    Les lettres des religieuses recluses étaient-elles un espace de l’expression du moi ? Y avait-il une censure ? Quelle était la pratique de ce « parloir de papier », pour reprendre l’expression de Melançon et Dubois ?
•    Y a-t-il une lettre masculine et une lettre féminine ?
•    Quelle est la représentation de la lettre dans les quotidiens ?
•    Qui est interpelé dans la lettre d’opinion publique ; quels sont les sujets critiqués ?
•    Retrouve-t-on des lettres dans la chanson belge ?
•    Écrit-on encore des lettres ; si oui, (à) qui et où ?
•    Les romans de l’extrême contemporanéité intègrent-ils le courriel au tissu de l’intrigue ? Est-ce que le courriel a la même valeur que la lettre dans la fiction ?
•    Un artiste ou un écrivain n’écrit-il jamais qu’à un seul destinataire ? Laisse-t-il volontairement des traces de son mythe pour la postérité ?
•    Est-ce que la correspondance entre les acteurs du champ littéraire ou artistique permet d’établir des réseaux qui influencent l’autorité publique des épistoliers ?
•    Comment l’espace et le temps sont-ils représentés dans la correspondance ?
•    Peut-on cartographier la correspondance et donner à l’espace une dimension socio-affective ?

Voilà quelques questions que soulève le thème de ce numéro. Longue est l’histoire des Belges, mais jeune est l’histoire de la Belgique, aussi serait-il logique d’imposer un cadre temporel. Naguère, André Guyaux proposait la date de l’invention du timbre belge comme point de départ de la correspondance belge. Doit-on suivre nécessairement cette date institutionnelle ? La correspondance est souvent œuvre d’hommes, non de nations et avant que le timbre n’existe, les coursiers livraient le courrier. À notre avis, il serait plutôt cavalier de faire commencer une chaîne de lettres belges en 1830 quand en réalité elle commence 15 ou 20 ans avant la création de la Belgique. Des lettres du XVIIe siècle provenant d’une abbaye aujourd’hui belge n’appartiennent-elles pas au patrimoine littéraire belge ? C’est pourquoi il nous paraît opportun de proposer, pour le présent numéro, un cadre chronologique assez souple - l’on s’assurera au moins que l’(un des) épistolier(s) choisi(s) - ou l’auteur de lettres fictives, le cas échéant - soit issu de l’actuel territoire belge.
 
Prière de faire parvenir une proposition d’article au plus tard le 11 janvier 2015 à l’adresse suivante : jean.plamondon@unibo.it. Les articles retenus à la suite du processus d’évaluation seront envoyés au plus tard le 1er mai 2015.

Bibliographie sélective :
Pascale Auraix-Jonchière, Christian Croisille, Eric Francalanza (dir.), La Lettre et l’œuvre. Perspectives épistolaires sur la création littéraire et picturale au XIXe siècle, Clermont-Ferrand, Cahiers du CELIS, n° 19, 2009.
David Banks, Le Texte épistolaire du XVIIe siècle à nos jours, Paris, l’Harmattan, 2013,
Rodolphe Baudin, Simone Bernard-Griffiths, Christian Croisille et Elena Gretchenaia (dirs), Exil et épistolaire aux XVIIIe et XIXe siècles, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, Cahier no 16, 2007.
Manon Brunet, Érudition et passion dans les écritures intimes, Québec, Nota Bene, 1999.
Frédéric Calas, Le Roman épistolaire, Paris, Armand Collin, 2007.
Brigitte Diaz, L’Épistolaire ou la pensée nomade, Paris, PUF, 2002.
Frédérique Donovan, La Lettre, le théâtral et les femmes dans la fiction d’aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, 2013.
Pierre-Jean Dufief (dir), Les Écritures de l’intime. La correspondance et le journal, Paris, Honoré Champion, 2000.
Camille Fausse, Correspondances d’artistes : du brouillon à la lettre ouverte, Marseille, Mot et le reste, 2012.
Guy Fessier, L’Épistolaire, Paris, PUF, 2003.
François Guillaumont et Patrick Laurence, La Présence de l’Histoire dans l’épistolaire, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2012.
Marie-Claire Grassi, Lire l’épistolaire, Paris, Armand Collin, 2005.
André Guyaux (dir), Échanges épistolaires franco-belges, Paris, PUPS, 2007.
Geneviève Haroche-Bouzinac, L’Épistolaire, Paris, Hachette, 1995.
Marie-Claire Hoock-Demarle, L’Europe des lettres. Réseaux épistolaires et construction de l’espace européen, Paris, Albin Michel, 2008.
Benoît Melançon et Pierre Popovic, La Faculté des lettres, Montréal, PUM, 1993.
Paul Servais et Laurence Van Ypersele, La Lettre et l’intime, Louvain-la-Neuve, Publications des Archvies de l’Université catholique de Louvain, 2007.
Marie-France Silver et Marie-Laure Girou Swiderski, Femmes en toutes lettres. Les épistolières du XVIIIe  siècle, Oxford, Voltaire Foundation, 2000.
Laurent Versini, Le roman épistolaire, Paris, Eurédit, 2013.


22-23 janvier 2015 - PIERREFITTE/PARIS - Écrire en guerre

Colloque organisé par les Archives nationales et la Société des Amis des Archives de France, avec le concours de la Fondation Singer-Polignac. Programme à venir.


28 mars 2015 - PARIS - Généalogie et autobiographie

Table ronde organisée par l'Association pour l'autobiographie (APA), animée par Véronique Leroux-Hugon. Elle se tiendra à l'École Normale Supérieure, 45 rue d'Ulm (salle Dussane), 75005 Paris, de 14h30 à 17h.


10-11 avril 2015 - PARIS - "Re-member [1]. Récit de soi, mémoire et identité

Colloque international

“Re-member[1]”- Récit de soi, mémoire et identité

Les 10 et 11 avril 2015

Université Paris I Panthéon Sorbonne et Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Propositions à envoyer jusqu'au 20 janvier 2015 (voir ci-dessous).

 « Il n'y a plus rien ni personne pour nous dire qui de nous deux menaçait les autres enfants de l’école, trottinette à la main, sous l'œil impressionné de Bob : notre grand-père ne manquait jamais une récréation du haut de sa fenêtre du 7e étage. Ça le faisait vraiment trop rire. Les moulinets d'une « des filles » sont entrés dans la légende, et je ne sais pas si c'est toi ou moi : je me souviens précisément, oui, mais pas de qui. Ma mémoire d’enfant est la nôtre. »

Il nous semble souvent que notre mémoire conserve nos souvenirs tels quels, que ces souvenirs sont les nôtres et qu’ils constituent notre identité personnelle. Pourtant, nous construisons et reconstruisons sans cesse nos souvenirs, quand nous racontons notre histoire et quand nous l'écoutons racontée par d'autres.

Le rôle des récits dans la construction de soi a été mise en évidence par différentes disciplines, qui proposent des hypothèses et des perspectives diverses sur cette question.

Certains modèles neuropsychologiques de la mémoire, par exemple, nous apprennent que la mémoire épisodique n’est pas tant une faculté de conservation qu’une faculté de reconstruction des souvenirs, qui nous permet d’élaborer et de réélaborer en permanence le récit de notre vie (Shacter et Addis 2007 ; Desgranges et Eustache 2012). Certaines approches morales du soi ont décrit le lien entre la narrativité et l'espace social et partagé des récits, développant l'idée que le récit de mes souvenirs est enchâssé dans les récits d’autrui et dans des récits collectifs, qui le constituent (MacIntyre 1981). Des approches plus politiques de l’identité personnelle, comme les études féministes, les études de genre ou les études postcoloniales, mettent en évidence le caractère construit de l’identité, et nous aident à problématiser la façon dont le soi se construit dans des interpellations sociales et des assignations performatives (Butler 1990, 2005), ainsi que la mise en récit de soi dans des cadres collectifs et les dynamiques de construction d’identités collectives et d’identités de lutte (Dorlin 2008). Certaines perspectives historiques, généalogiques ou sociologiques mettent en lumière la construction historique des subjectivités, et le rôle des structures socio-historiques, culturelles et de pouvoir dans l’élaboration d’un récit de soi (Foucault 1976), de la mémoire (Halbwachs 1925) et de l’identité (Eribon 2009).

Il semble aujourd’hui urgent de faire dialoguer ces différentes disciplines pour analyser le rôle du récit dans la construction de soi, les différentes formes de récit de soi que nous pouvons produire et ce qui les détermine : à la fois pour comprendre les processus au travers desquels s’élabore l’identité, et pour comprendre dans quelle mesure nous pouvons-être les auteur.e.s, individuel.le.s et collectifs/ves, de nous-mêmes et de nos histoires. Il s’agit de produire une réflexion pluridisciplinaire sur la question du soi, à même de nous donner une véritable puissance d’agir, collective et individuelle, sur nos identités.

C’est ce lien entre le récit et l’identité, entre le récit et le soi, qui fera l’objet du colloque international “Re-member[2]” : Récit de soi, mémoire et identité. Il s’agit de faire dialoguer différentes approches et différentes disciplines pour analyser le « soi » et l’identité personnelle non pas comme des données d’état civil, mais comme ce qui se construit et se réélabore sans cesse dans des récits individuels et collectifs. Comment se construit le soi, selon quelles dynamiques (la mise en récit de son histoire, la reconstruction de souvenirs, le dialogue avec autrui…) et dans quels cadres (historiques, politiques, relationnels) ? Comment forme-t-on un récit de nous-mêmes ? A partir de quoi ? Pourquoi ? Comment le peut-on ?

Le colloque s'organisera autour de principaux trois axes thématiques :


1. Récit de soi et mémoire.

Le premier axe de travail développera une réflexion sur l’état des sciences de la mémoire aujourd’hui, en se centrant sur les relations entre la capacité à se raconter et la capacité à se souvenir, entre la mémoire autobiographique et le récit de soi.

(a) Quelle est la place de la mémoire personnelle dans la construction du récit de soi ?

(b) Comment le récit que nous formons au sujet de nous-mêmes reconstruit-il nos souvenirs ?

(c) Quel est le rôle du récit de soi dans des « pathologies » de la mémoire, comme la maladie d’Alzheimer par exemple : peut-il être une stratégie thérapeutique ?

(d) Comment distinguer la reconstruction « normale » des souvenirs épisodiques de la confabulation ? La distinction est-elle légitime ?

(e) Comment le concept de récit de soi peut-il éclairer les relations entre la définition de la pathologie et les conceptions sociales et normatives du sujet ?

 

2. Récit de soi et interpellation sociale.

Le deuxième axe se propose d'analyser le contexte socio-politique et historique de la construction du récit de soi.

(a) Quels sont les cadres politiques de la définition de soi ? Quelle identité sociale nous est assignée, selon quels processus, et en fonction de quelles normes ?

(b) Quelles sont les formes de résistance, individuelle et collective, à cette assignation d’identité ?

(c) Quels sont les rapports entre le récit de soi-même et les récits collectifs : Comment les récits personnels s'inscrivent-ils et se construisent-ils dans des récits collectifs d'une part ? Quels sont les rapports entre l’identité personnelle et les identités communautaires, collectives et politiques d'autre part ?

(d) Peut-on faire une généalogie du concept de soi en analysant, par exemple, les cadres socio-historiques de la production des subjectivités et les formes historiques et culturelles qu'a pu prendre le récit de soi ?

 

3. Récit de soi et fiction.

Le troisième axe porte sur les perspectives ouvertes par des formes artistiques et littéraires (principalement l’autobiographie, l’auto-fiction et la science-fiction) sur la construction du soi dans des récits.

(a) Quel récit de soi construit-on dans des formes littéraires telles que l'autobiographie et l'auto-fiction ?

(b) Quel éclairage ces récits apportent-ils sur les relations entre authenticité et fiction du discours sur soi ?

(c) Comment les récits de science-fiction (littéraires, cinématographiques, télévisuels, ou encore philosophiques dans le cas des expériences de pensée) problématisent-ils le concept de soi au travers de figures particulières, dont l’identité peut être problématique (par exemple les clones, les robots, les cyborgs) ?


Les deux jours de colloque se dérouleront à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense.

Au programme : des interventions en anglais et en français ; des tables-rondes thématiques ; des lectures de textes par leurs auteur.e.s et des projections de courts et longs métrages ; des ateliers d'écriture.

 

Si vous souhaitez participer à ce colloque, vous pouvez proposer :

-          Une communication : envoyez un résumé de 300 mots maximum ainsi qu'un titre, et l'axe dans lequel s'inscrit votre intervention.

-          Une lecture de texte ou une projection : envoyez le texte ou le film que vous souhaiteriez projeter, ainsi qu'une courte présentation de ceux-ci et de leur lien avec un ou plusieurs axes du colloque.

 

Merci d'envoyer vos propositions par mail au plus tard le 20 janvier 2015, avec « Proposition pour le colloque Re-member » comme objet du mail, à :

loraine.gerardinlaverge@u-paris10.fr

mona.gerardin-laverge@malix.univ-paris1.fr

 

 

Organisatrices

Loraine Gérardin-Laverge, (Doctorante en Philosophie sous la direction de Denis Forest, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Ireph)

Mona Gérardin-Laverge (Doctorante en Philosophie sous la direction de Sandra Laugier, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PhiCo, axe EXeCO)

 

Comité scientifique

Francis Eustache, CHU Caen, Unité INSERM 1077

Denis Forest, Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Sophie Guérard de Latour, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Sandra Laugier, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Jean-Michel Salanskis, Université Paris Ouest Nanterre La Défense


Intervenant.e.s invité.e.s

Didier Eribon, Université d’Amiens

Stanley Klein, Université de Californie Santa Barbara

Marie-Hélène Lafon

Kim-Sang Ong Van Cung, Université Bordeaux Montaigne


22 mai 2015 - AMIENS - Paroles de femmes. Rôles et images de soi dans les écrits privés, Europe, XVIe-XXe siècles

Journée d'étude organisée par Scarlett Beauvallet (Campus, Chemin du Thil, 80000 Amiens) et Emmanuelle Berthiaud : 06 25 59 16 72, emmmanuelle.berthiaud@ac-paris.fr
Le colloque se tiendra au Logis du Roy à Amiens, situé passage du logis du Roy, près du square Bocquet. La gare d'Amiens est accessible à pied du logis du Roy (10 minutes environ. Amiens est situé à un peu plus d'une heure de train de Paris).

PROGRAMME :

9h45 Accueil

10h00 Présentation de la journée et introduction (Emmanuelle Berthiaud, UPJV)


10h15 Isabelle Luciani, Université de Provence, Histoire sociale, histoire du genre ? Présence féminine dans les écrits domestiques à l’époque moderne, Provence, XVIe-XVIIIe siècle.


10h45 Miriam Nicoli, Université de Lausanne, Entre public et privé : correspondances féminines dans le fonds de la famille Oldelli, XVIIe-XVIIIe siècles.


Pause


11h30 Sylvie Moret-Pétrini, Université de Lausanne, « O pauvre femme que nous sommes dupes de nous marier ». La représentation du mariage dans les journaux personnels de jeunes filles, 1740-1820.


12h Maïla Kocher-Grishunti, Université de Lausanne, Rôle social des maîtresses de maison au XVIIIe siècle en Suisse francophone.


12h30 Danièle Tosato, Université de Lausanne, Paroles d'éducatrice. Un aperçu sur un rôle social féminin méconnu, Europe, XVIIIe- début XIXe siècle.


Repas


14h00 Sylvie Mouysset, Université Toulouse Le Mirail, « Je ne traverse jamais cette maison sans la regarder » : la mémoire des lieux, une écriture féminine de soi ? (XVIe-XXe siècles).


14h30 François-Joseph Ruggiu, Université Paris-Sorbonne, Identités féminines et nobiliaires, XVIe-XVIIIe siècles.


15h00 Nahema Hanai, Université d’Angers, Réécrire l’histoire. Les mémoires protéiformes de Sophie d’Einger, épouse d’Erlach (1766-1840)


15h30 Pause


15h45 Marion Trévisi, UPJV Amiens, Ida de Saint Elme et ses pseudo-mémoires : le roman autobiographique d'une aventurière de l'époque napoléonienne


16h15 Annabelle Macré et Emmanuelle Berthiaud, UPJV Amiens, « Former une jeune âme et former en soi-même le miel qu’il lui faut pour se nourrir » : Marie-Thérèse Ollivier, une mère éducatrice à travers son journal (fin XIXe siècle).


17h00
Clôture de la journée d’étude



15 juin 2015 (deadline) - L'ESPRIT CREATEUR - French Autopathography


Special Issue of L’Esprit Créateur (to be published in Summer 2016)

Call for Proposals (deadline : 15 juin 2015)

The dehumanizing medical separation of often minute entities of the patient’s body from his or her integral identity as person was conceptualised powerfully by Michel Foucault in his writings on the ‘medical gaze’ in Naissance de la clinique in 1963. Reacting against the cultural commonplace that ill people ‘surrender their bodies to medicine’ (Arthur Frank), the emergence of autopathographies, the telling of the patient’s story, seeks to articulate an experience that medicine alone cannot describe, for the dominant authority of medicine conspires, in sociologist Arthur Frank’s words, to ‘take away voice’. As Anne Hunsaker Hawkins has stated, ‘it is in restoring the patient’s voice to the medical enterprise that the study of autopathography has its greatest importance and offers its greatest promise’.
 

This special issue of L’Esprit Créateur will investigate a distinctly rich but critically neglected tradition of French autopathography. In an effort to further our understanding of the literary and aesthetic enterprise of writing the self, and to promote interdisciplinary dialogue across genres (literature, film, philosophy) and the so-called ‘two cultures’ of science and the arts, the term autopathography will be interpreted in a broad sense to embrace not only literature and creative writing, but also first-person documentary and visual forms. It is anticipated that a wide range of illnesses, disabilities and disorders will be covered in the articles gathered in the special issue, including AIDS, cancer, physical pain, mental health issues, locked-in syndrome, and madness.

Colleagues are invited to submit proposals on the subject of ‘French Autopathography’ to the guest editor, Dr Steven Wilson, at the following email address: steven.wilson@qub.ac.uk. Proposals should take the form of a short abstract (in English or French) of c. 300 words. Abstracts should be received by Monday 15th June. If accepted, authors should be prepared to send completed articles (in English or French) of up to 6000 words, including notes, by 20th November.



19-21 juin 2015 - SORRENTE (Italie) - La naissance des idées dans les récits auto/biographiques

La naissance des idées dans des récits auto/biographiques

XIVe rencontre de l’Observatoire scientifique de la mémoire écrite, orale, filmique et du patrimoine autobiographique

En collaboration avec la Canadian Association Italian Studies CSIS
19-21 June 2015 - Istituto Sant’Anna – Sorrento, Italie.


Argument

Dans la culture occidentale, deux convictions s’opposent. D’une part, la vision matérialiste de l’histoire attribue au contexte la détermination des événements ; d’autre part, la vision idéaliste exalte l’unicum, l’originalité, l’individualisme. Pour les sciences mathématiques et naturelles, comme pour l’art en toutes ses expressions, l’acte créatif est raconté en regard de conceptions différentes, de la volonté de s’inscrire dans un sillage, d’avoir une légitimité.
L’affirmation d’Isaac Newton : « If I have seen further it is by standing on the shoulders of giants », contraste avec ce qu’il a rappelé jusqu’à sa mort : c’est la chute d'une pomme qui a provoqué cet éclair lui faisant découvrir les lois de la gravitation terrestre.
On pourrait mentionner de nombreuses anecdotes sur la naissance des idées, depuis les découvertes scientifiques jusqu’aux illuminations artistiques. À commencer par des syllabaires d’antan en usage dans les premières classes d’école où le hasard et le caractère fortuit de la découverte ou de la création avaient une place de premier plan. La faculté d’intuition est très souvent, sur le plan narratif, rapportée à des circonstances chanceuses. Il s’agit, cependant, d’un processus de synthèse complexe, une espèce de court-circuit. Selon Carl Jung, l’intuition fait percevoir des modèles cachés derrière les faits (Psychological Types, 1921).
     Le concept d’intuition renvoie à des débats présents depuis l’Antiquité, de Platon et Aristote jusqu’à la philosophie moderne et contemporaine.
     L’expression « saisir », au sens de « comprendre », souligne combien le moment créatif est considéré comme fortuit, fugitif, et éphémère.
Les exemples auto/biographiques à ce sujet sont innombrables : de l’eurêka d’Archimède à la vasque de poissons rouges de la rue Panisperna à Rome, où Enrico Fermi affirme avoir compris comment on peut varier la puissance de la radioactivité. Dans ces récits, l'incidence du hasard est fortement soulignée. Dans l’art, cet éclair est raconté comme venant d’un rêve, d’une vision. De la Vita nova de Dante aux Pinturas negras de Francisco Goya, l’inspiration d’un dessein, d’un projet naît dans un moment hanté. Dans la Vita di Benvenuto di Maestro Giovanni Cellini fiorentino, scritta, per lui medesimo, in Firenze (1558), la fusion de la statue en bronze du Persée est racontée par le célèbre artiste sur un ton épique.

Comment les idées naissent-elles ? Comment reconnaître leur innovation? Quelles sont les circonstances dans lesquelles s’inscrit ce déclic ? À quoi et à qui en revient le mérite ?

Cet appel à contribution a pour but d’analyser la rhétorique et la construction narratologique de textes auto/biographiques sur la naissance des idées dans tous les domaines.
La bibliographie est vaste, tant sur le plan théorique que pour les narrations de soi et sur soi : de nombreuses auto/biographies de scientifiques ou d’artistes font une place importante au moment de la création.

Quelques références

Gaston Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique. Paris, Félix Alcan, 1934.
Henri Bergson, La pensée et le mouvant, Paris, Félix Alcan, 1934.
Benedetto Croce, L'Estetica come scienza dell'espressione e linguistica generale, Bari, Laterza, 1902.
Étienne Klein, D’où viennent les idées (scientifiques)?, Paris, Manucius, « Modélisation des imaginaires », 2013.
Mark Turner, The Origin of Ideas: Blending, Creativity, and the Human Spark, Oxford University Press, 2014.
Mnemosyne o la costruzione del senso, revue annuelle (dir. B. Barbalato), « L’ethos,mémoire autobiographique de l’homme de science », 2013, et « Autobiographies et biographies de scientifiques entre hasard et nécessité », 2014, Presses universitaires de Louvain.

Informations pratiques

Les sessions de la rencontre 2015 sous la direction de l’association Mediapolis Europa feront partie de la conférence annuelle de la Canadian Association Italian Studies, qui cette année se tiendra à Sorrento, Italie.

Date limite de présentation des propositions : 10 février 2015, à envoyer à
beatrice.barbalato@gmail.com, irenemeliciani@gmail.com.
La réponse sur l’acceptation sera donnée pour le 15 février.

La proposition respectera le format suivant : un résumé de 250 mots au maximum avec deux textes de référence, et un bref CV (maximum 100 mots) avec mention éventuelle de deux publications de l’auteur (livres ou essais).
Les contributions pourront être publiées, après la lecture des referees, dans la revue Mnemosyne o la costruzione del senso, Presses universitaires de Louvain, dir. Beatrice Barbalato.

Participation aux frais

1) Pour le 15 février  Une fois la proposition acceptée, le participant devra s’inscrire au colloque avant le 15 avril 2015 : 90 euros pour les doctorants et 120 euros pour tous les autres. Plus d'informations sur http://canadiansocietyforitalianstudies.camp7.org/

2) En outre une inscription de 42 euros (25 euros pour les doctorants) est demandée pour les participants aux sections de Mediapolis.Europa (banque Monte Paschi del Belgio, compte BE42 6430 0216 0854 - BIC : BMPBBEBB).

Pour plus d'informations sur les symposiums des années précédentes, les activités, l’équipe scientifique, voir le site http://mediapoliseuropa.com/



20 juin 2015 - PARIS - Journaux de femmes pendant la Seconde Guerre mondiale

La "Matinée du journal", organisée par l'Association pour l'autobiographie, se tiendra le samedi 20 juin à 15h à Paris, à l'Atelier du Verbe (18 rue Gassendi  75014 Paris). Elle sera consacrée  à une présentation des journaux de femmes pendant la Seconde Guerre mondiale par Véronique Leroux-Hugon et Véronique Montémont.


10-12 juillet 2015 - AMBÉRIEU-EN-BUGEY - L'Amitié

Les Journées de l'autobiographie, organisées par l'Association pour l'autobiographie, se tiendront à Ambérieu-en-Bugey (Ain) du vendredi 10 au dimanche 12 juillet 2015, autour du thème de l'Amitié. Programme et inscriptions au mois de mars 2015.



22-29 juillet 2015 - CERISY-LA-SALLE - Écritures de soi, écritures du corps

Colloque organisé par Jean-François Chiantaretto et Catherine Matta.

http://www.ccic-cerisy.asso.fr/ecritures15.html



23-27 août 2015 - MOSCOU - A la première personne. Ecritures de soi de l'Antiquité à l'époque contemporaine

Le Centre Franco-Russe de Moscou organise une école d'été sur le thème des écritures de soi. Les candidatures, en anglais ou en français, sont reçues jusqu'au 15 avril 2015.
Tout renseignement sur le site : (http://www.centre-fr.net/events/468/)


18-19 septembre 2015 - PARIS - L'autobiographe en lectrice

Colloque FAAAM ( Femmes auteures anglaises et américaines) 18-19 septembre 2015 Paris Ouest
 
Appel à contributions
 
L'autobiographe en lectrice/ She Reads to Write Herself
 
Le prochain colloque du groupe FAAAM s'intéressera à la figure de la lectrice dans l'autobiographie féminine.

L'autobiographie littéraire ou intellectuelle met souvent en scène le devenir écrivain, et sert parfois de légitimation d’une vocation. L’origine et le maintien du désir d’écrire s’appuient fréquemment sur un rapport enchanté à la lecture dans l’enfance, soutenu ou non par l’éducation. « Lire » et « «écrire » sont alors présentés deux versants indissociables de l’identité d’écrivain, du moins dans une certain tradition autobiographique (Les mots de Sartre divisé en deux parties, « lire » et « écrire ».) Ainsi, l’autobiographie apporte un éclairage particulier sur le dogme « la littérature se fait avec de la littérature », certains écrivains confirmant, d’autres infirmant ce lien. Genre éminemment réflexif, l’autobiographie se prête particulièrement bien à l’examen de l’articulation production/réception, car les écrivains lisent leur vie autant qu’ils l’écrivent. D’un point de vue théorique, une certaine critique de l’autobiographie la considère comme un mode de lecture autant que d’écriture, car elle serait fondée avant tout sur un pacte de vérité avec le lecteur.
 
Historiquement, l’accès des femmes à la lecture et aux livres ne va pas de soi, et jusqu’à une époque récente, l’idée que les vraies femmes sont illettrées circulait encore. Dans certaines régions du monde, les filles n’ont accès ni aux livres ni à une éducation formelle pour des raisons économiques et/ou idéologiques. Dans ce contexte, la lecture peut devenir un acte de résistance ou de transgression, et l’accès aux livres une lutte pour le savoir. Mais les livres eux-mêmes représentent également des instruments de domination pour les femmes qui peuvent recourir à d’autres traditions culturelles pour raconter leurs vies, se détournant de la culture livresque: oralité, mythes, fiction ou « métissage ». C'est ainsi que pour pour Spivak, l’autobiographie n’est pas un véhicule adapté aux écrivaines postcoloniales qui veulent écrire leur propre histoire à cause de ses liens avec l’individualisme universel et la masculinité. Le colloque s'intéressera donc aux rapports spécifiques que les autobiographies écrites par les femmes entretiennent avec l'intertextualité et la lecture.
 
Cet axe de réflexion pourra se décliner de la façon suivante:
 
    Mises en scène de la lecture dans les autobiographies de femmes : lieux, rituels, lectures muettes ou à haute voix, individuelles ou collectives…
    La bibliothèque de la future écrivaine : rencontres, livres interdits, livres phares .
    Rôle existentiel de la lecture dans la vie des écrivaines : les livres qui sauvent (Janet Frame), les livres qui tuent, les livres qui nourrissent (Cooking memoirs).
    Le rapport entre le vécu et l’art. Recherche de « mères » ou « pères » littéraires.
    Politique de la lecture: la lecture comme acte de résistance : accès aux livres dans un contexte postcolonial, économique ou historique ; lectures en cachette, transgression de l’interdit de lire pour les femmes. Ex :Reading Lolita in Tehran : A Memoir in Books d’Azar Nafisi (2003). Le rôle du livre comme revendication du droit de penser par soi-même pour les femmes.
    Créativité de l’autobiographie dans sa manière de figurer sa propre réception.
    Lecture et domination masculine et/ou occidentale: oralité et métissage.
    Comment les autobiographes s’emparent-ils de l’univers imaginaire des autres et le réinscrivent-ils dans leur écriture ?
    La transmission du savoir livresque : Quelles relations l'autobiographe entretient-elle avec les traditions littéraires ? Modèles ? Re-vision, re-appropriation ? S'agit il d'écrire contre la tradition ? La critique des héritages.

Organisation et Comité scientifique : Claire Bazin et Corinne Bigot (Groupe FAAAM CREA, Paris Ouest), Nicoleta Alexoae-Zagni (Istom), Valérie Baisnée ( Paris Sud), Valérie Baudier (Paris Ouest), Alice Braun (Paris Ouest), Nathalie Saudo (Amiens)
 
Date d'envoi des propositions : 15 mai 2005
 
Propositions (résumé de 250 à 300 mots et courte bio) à envoyer à Claire Bazin cbaz1@wanadoo.fr et Corinne Bigot corinne.bigot@wanadoo.fr

19 septembre 2015 - PARIS - Autour de la revue Épistolaire

Conférences et débats à la BNF, site Tolbiac, salle 70.

14h Accueil
TABLE RONDE
14h 15
Brigitte Diaz, Geneviève Haroche-Bouzinac, Françoise Simonet-Tenant
Avec la participation du comité de rédaction d’Épistolaire
La recherche épistolaire, bilan et actualité
Évolution des recherches sur l’épistolaire, la revue Épistolaire et les éditions de correspondance, Épistolaire et interdisciplinarité.

CONFERENCES
15h 15
Éric Walbecq, BnF
 «  Éditer la correspondance de Jean Lorrain »
16h
Clémentine Vidal-Naquet, LabEx  Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe 
« Correspondances conjugales dans la Grande Guerre »
16h 45
Débats et conclusions


19-20 septembre 2015 – PARIS – Les enjeux (en/je) de la chair dans les autofictions

Journées d'études organisées par Isabelle Grell, membre de l'équipe Sartre de l'ITEM, qui se déroulement à l'ENS, 45 rue d'Ulm, 75005 Paris, salle Celan.

Programme :

Samedi 19 septembre 2015, matin: «Des corps perdus»

9 h Ouverture par Isabelle Grell

9 h 15 Devésa Jean-Michel, «L’Autofiction, quartier réservé de la littérature?», Université de Limoges

9 h 45 Trofin, Roxana Anca, «Le tranchant de l'écriture chez Annie Ernaux ou le malaise de l'être», Université Politechnica de Bucarest

10 h 15 PAUSE

10 h 40 Burgelin, Claude, «Qui est Lydia Flem?», Université de Lyon 2

10 h 50 Conversation avec Lydia Flem

11 h 30 Fusaro, Anais, «Vieillesse, Sexualité et Abjection – du côté de Serge Doubrovsky», Doctorante, University of St Andrews, Royaume Uni

12 h Discussion
 

Samedi 19 septembre 2015, après-midi: «La mise enjeux (en-je) de la chair» Séance dirigée par Claude Burgelin

14 h Genon, Arnaud, «Lisez, ceci est mon corps: l’écriture autofictionnelle de Laurent Herrou», http://autofiction.org ,http://www.herveguibert.net

14 h 30 El Ouardirhi, Sanae, «Hybridité générique et dé/voilement de soi chez Abdellah Taïa et Rachid O», Université Ibn Tofail, Maroc

15 h 15 Thériault, Melissa, «Ce corps qui n’est pas soi: nihilisme, dualisme et autofiction chez Nelly Arcan», Professeure, Université du Québec à Trois-Rivières

15 h 45 Pause

16 h Dufrénoy, Alexandre, «Car ceci est mon corps livré pour vous: hédonisme et libertinage dans l’autofiction contemporaine féminine», Université Charles de Gaulle – Lille

16 h 30 Catherine Cusset, «Pourquoi j'ai écrit Jouir et Une éducation catholique.», NUY

17 h Clara Zgolal, «La membrane sensible ou l'écriture de la peau dans l'œuvre autofictionnelle de Nina Bouraoui», Université de Varsovie (doctorante contractuelle au CRAL CNRS/EHESS et à l’Université de Varsovie), Pologne

17 h 30 Discussion

 

Dimanche 20 septembre 2015: «Des transformations du moi-peau en livre relié: genèse, écriture, réécritures» Séance dirigée par Isabelle Grell

10 h Baudelle, Yves, «Camille Laurens: une poétique de l’égarement», Université Charles-de-Gaulle – Lille 3

10 h 30 Camille Laurens, «Ecrire le désir»

11 h 15 Pause

11 h 30 Madonia, Francesco Paolo Alexandre, «Les tours dits de la chair dans les autofictions de Philippe Vilain», Université de Palerme, Italie

12 h Philippe Vilain, «Question de désir»

12 h 45 Serge Doubrovsky: mot de la fin (sous réserve)


13-15 octobre 2015 - LYON - Joubert Lecteur

Université Jean Moulin Lyon 3. En partenariat avec la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu.

Colloque organisé par Jérôme Thélot et Sabrina Giai-Duganera.

APPEL À COMMUNICATIONS

Joseph Joubert écrit ses Carnets de 1774 à 1824, date de sa mort à Paris. Il laisse également une riche correspondance témoignant de la qualité des liens intellectuels qui l’unissaient à quelques figures du XIXe siècle naissant (notamment Chateaubriand, Mathieu Molé, Pauline de Beaumont, Louis de Fontanes). Il est l’auteur enfin de quelques textes épars que Rémy Tessonneau a publiés en 1983 sous l’appellation d’Essais. L’ensemble de cette production dessine les traits d’un écrivain aux ressources multiples, en prise avec son époque et portant un regard perspicace sur la littérature contemporaine et passée.
En conséquence, ce colloque transdisciplinaire souhaite aborder l’œuvre de Joubert par le prisme des dialogues qu’il a entretenus avec d’autres écrivains ou artistes (ou éventuellement figures politiques). Son œuvre étant nourrie de nombreuses lectures et des liens directs qu’il entretenait, par l’amitié et la conversation, avec ses contemporains, nous interrogerons le discours explicite ou implicite qu’il produit sur différents auteurs au fil de ses écrits, et les effets d’influence qui nourrissent sa poétique (comprise comme pensée et écriture).
Notes de lecture, citations, allusions, et même pastiches platoniciens, toutes les polarités de l’intertextualité semblent convoquées dans cette œuvre qui laisse une large place à la voix des autres. Ces « autres » sont tout à la fois les écrivains de l’Antiquité et ceux du temps de Joubert. Les auteurs rares et méconnus (presque les anonymes) et les grands noms de l’hi- stoire littéraire. Les historiens, les romanciers, les journalistes, les philosophes... La polyphonie joubertienne est en effet résolument hospitalière. Joubert a même été fugacement critique d’art pour un journal en 1789, et l’on retrouve parfois, dans ses Carnets, le ton personnel d’un critique littéraire délicat, qui prend le contre-pied de la critique analytique. Son mot sur Condillac pourrait à ce titre être placé en épigraphe de son œuvre : « Je méprise cet homme par synthèse ; ne me questionnez donc pas par analyse." (Carnets, II, p. 592)
L’art de la note, lié à l’écriture fragmentaire pratiquée par Joubert, englobe donc aussi la note de lecture, qui fait pendant à la note personnelle. Le tissu textuel polyphonique ainsi créé devient en réalité progressivement homogène par l’appropriation des idées produites par autrui. Leur différence de nature s’estompe jusqu’à ne former qu’une seule et même substance dans le processus de la création. « Pour bien entendre une belle et grande pensée, il faut peut- être autant de temps que pour l’avoir, la concevoir. S’en pénétrer ou la produire sont presque une même action." Carnets, I, p. 443).
On comprend alors à quel point l’intertextualité, liée pour Joubert à la difficulté d’écrire, est un angle qui permet de penser sa poétique. Comme écrire alors que « toutes les places sont prises (Homère en Grèce, Confutzée à la Chine) » de sorte que « tout ce qui devait être dit a déjà été dit » ? Fragment et intertextualité demandent alors à être interrogés dans leurs implications réciproques.
La cosmologie de Joubert, fondée sur les espaces interstitiels, les « avant-corps » qui se situent entre chaque chose et les font jouer entre elles, fait écho à sa conception de la lecture, qui intègre, elle aussi, la notion de « vacance » et d’espace vide puisqu’en littérature comme en amitié, « il faut toujours avoir dans sa tête un coin ouvert et libre pour y donner une place aux opinions de nos amis. »
D’autre part, les évolutions de sa pensée politique et religieuse suivent fidèlement son parcours de lecteur : les mutations de points de vue sur les philosophes des Lumières ou sur Mme de Staël et, plus généralement, les évolutions de ses choix de lecture retracent aussi l’histoire de la pensée de Joubert.
La visée du colloque est donc double : il s’agira de saisir Joseph Joubert de manière transversale en explorant ses jugements de lecteur et les relations qu’il tisse avec chaque penseur ou artiste qui suscite son attention. Mais réciproquement, les figures ainsi convoquées, dont certaines ont semble-t-il été explorées de fond en comble par des siècles de lectures critiques, gagneront à être éclairées sous un autre jour. En effet, la forme incisive et inachevée des notes, contrairement à l’analyse critique traditionnelle, souffre par nature les nuances, les évolutions du jugement, les repentirs, voire les contradictions.
Nous suggérons ici quelques pistes possibles. Pour des raisons de clarté d’exposé, nous avons choisi un découpage chronologique, mais des études diachroniques seraient parfaitement envisageables (par exemple, Joubert et les écrivains religieux ; Joubert et les peintres ; Joubert et le théâtre, Joubert et les essayistes...)

I De l’Antiquité au XVIIIe siècle : Regards de Joubert. Les liens de Joubert avec
-    Les écrivains antiques : les philosophes (en particulier Platon et Aristote), les histo- riens (Polybe, Tacite, Plutarque...), les poètes (Homère, Virgile...)
- Montaigne
-    Les moralistes (on pourra interroger à la fois le discours que Joubert produit sur les moralistes du XVIIème siècle et la validité (ou non) des rapprochements faits par d’autres, entre Joubert et les moralistes (en particulier Pascal et Vauvenargues)
-    Les dramaturges classiques (Molière, Racine, Corneille)
-    Guez de Balzac
-    Les philosophes sensualistes ou mécanistes (Descartes, Les Idéologues, La Mettrie etc, auxquels on peut ajouter les physiciens, les métaphysiciens et les médecins)
- Leibniz
- Spinoza
-    Les philosophes des Lumières (en particulier Rousseau, Diderot, Voltaire, Buffon, Kant)

II Joubert et ses contemporains
Joubert et : -    Les journalistes -    Louis de Fontanes -    Mathieu Molé - Chateaubriand -    Mme de Staël -    Benjamin Constant -    Les auteurs préromantiques - Bonaparte
-...
On pourrait aussi imaginer une communication sur l’histoire de la réception de Joubert, en lien avec l’histoire éditoriale de l’œuvre : Sainte-Beuve, Barbey d’Aurevilly, Blanchot, Paul Auster...

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :

Corpus des œuvres


JOUBERT, Joseph. Carnets [1938]. 2 tomes. Paris : NRF Gallimard, 1994.
JOUBERT, Joseph. Essais : 1779-1821. Éd. établie    par Rémy Tessonneau, Paris : A. G. Ni-
zet, 1983.
JOUBERT, Joseph. Correspondance générale. Éd. établie par Rémy Tessonneau. 3 tomes.

Bordeaux : William Blake    Co, 1996. JOUBERT, Joseph. Quatre carnets. Éd. établie à partir des manuscrits autographes, et annotée par David Kinloch et Philippe Mangeot. Londres : Institute of Romance Studies, 1996.

Ouvrages critiques (ou chapitres d’ouvrages) sur Joubert

BEAULIEU, Étienne. La Fatigue romanesque de Joseph Joubert. Laval, Canada : PUL, 2007.
BEAUNIER, André. Joseph Joubert et la Révolution. Paris : Perrin et Cie, 1918. ! BEAUNIER, André. La Jeunesse de Joseph Joubert. Paris : Perrin et Cie, 1918.
BEAUNIER, André. Le Roman d'une amitié : Joseph Joubert et Pauline de Beaumont. Paris :
Perrin et Cie, 1924. BLANCHOT, Maurice. Le Livre à venir. IV « Joubert et l’espace ». Paris : NRF, 1959. (Coll. Idées).
JACCOTTET, Philippe, Une transaction secrète, « Joubert, Senancour, Amiel ». Paris : NRF Gallimard, 1987.
POULET, Georges. Études sur le temps humain. Paris : Plon, 1952. (Coll. Agora, Presses Pocket). ! SUSINI-ANASTOPOULOS, Françoise. L'écriture fragmentaire. Définitions et enjeux. Paris : PUF, 1997 (« La pathologie du système et « ‘’L’esprit doux’’ de Joubert »).
TESSONNEAU, Rémy. Joseph Joubert éducateur. Paris : Plon, 1944. ! WARD, Patricia A. Joubert and the Critical Tradition. Genève : Droz, 1980. !

Recueils d’articles sur Joubert

Actes du colloque Joseph Joubert. Villeneuve-sur-Yonne, 31 mai, 1e et 2 juin 1985. Ouvrage publié par la Société d’Histoire et d’Archéologie du canton de Villeneuve-sur-Yonne « Les Amis du Vieux Villeneuve » avec le concours de la Société des Amis de Joseph Joubert, 1986.
Actes du colloque Joseph Joubert. La-Vallée-aux-Loups, 28 mai 1988. Ouvrage publié par la Société d’Histoire et d’Archéologie du canton de Villeneuve-sur-Yonne « Les Amis du Vieux Villeneuve » avec le concours de la Société des Amis de Joseph Joubert, 1989. !
Actes du colloque Joseph Joubert. Montignac, 6, 7 et 8 septembre 1991. Ouvrage publié par la Société d’Histoire et d’Archéologie du canton de Villeneuve-sur-Yonne « Les Amis du Vieux Villeneuve » avec le concours de la Société des Amis de Joseph Joubert, 1995 !
Actes du colloque Joseph Joubert. Sens, 2 et 3 octobre 2010. Textes réunis et édités par Jean- Luc Dauphin et Ariane Lüthi, 2011.
Georges Perros suivi de Joseph Joubert. Revue Europe, mars 2011, n° 983.

Articles sur Joubert

CHEVAUCHEZ Noël. « Joubert encyclopédiste ? », Etudes Villeneuviennes, n° 30, 2002, p. 205 à 218.
CHRÉTIEN, Jean-Louis. « Joseph Joubert : une philosophie à l'état naissant », Revue de Métaphysique et de Morale, n° 84, oct.-déc., 1979, p. 467-492. ! DAUPHIN, Jean-Luc. « Une année Joubert », Études Villeneuviennes, n° 44, 2011.
FUMAROLI, Marc. « Le Premier Redécouvreur de Guez de Balzac : Joseph Joubert », Litté- ratures-Classiques, n°33, Paris, 1998, p. 21-26.
GIAI-DUGANERA, Sabrina. « L’inactualité de Joseph Joubert, une poétique de l’intervalle ». Dans L’inactualité : la littérature est-elle de son temps ?, G. Bonnet (dir.), Paris : Hermann, 2013 (Coll. « Savoir-Lettres »), (chap. II « Le soi comme inactuel ».)
LEJEUNE, Philippe, « Une poétique du brouillon ». Dans Les Journaux d'écrivains : enjeux génériques et éditoriaux, textes rassemblés et présentés par Cécile Meynard, Berne : Peter Lang, 2012, p. 19-36.
MANGEOT, Philippe, « ‘20 janvier 1800, À qui parles-tu ?’ Joseph Joubert et l’écriture des Carnets », Littérature n°80, déc. 1990. !
PACHET, Pierre, «    Pourquoi dater ses pensées ? À propos des Carnets de Joseph Joubert »,
Esprit, n° 272, février 2001, p. 56-63.
PERROS, Georges. « Joubert », Cahiers du chemin, n°13, oct. 1971, repris dans Papiers collés, vol. I, Gallimard, 1973.



15-16 octobre 2015 - MONTPELLIER - Douze ans de journal posthume : Le Passé défini de Jean Cocteau

Colloque international de Montpellier

15-16 octobre 2015

Sous le titre Le Passé défini, Cocteau tient de 1951 à sa mort en 1963 un journal personnel d'emblée placé dans la perspective du posthume, comme pour contredire la « mode absurde qui consiste à publier son “journal” de son vivant » et dont Gide serait l'initiateur : « Mode lancée par Gide. Mais la méthode gidienne consiste à feindre de tout dire pour cacher tout. Un journal n’existe que si on y consigne sans réserve tout ce qui vous passe par la tête » (22 février 1953). Commencée en 1983, l'édition en huit volumes de cet énorme opus de près de cinq mille pages s'est terminée en novembre 2013, pour le cinquantenaire de la mort du poète. Dans le prolongement de la première étude d'ensemble par Jean Touzot, publiée en même temps que le huitième et dernier volume du journal (Cocteau à cœur ouvert, éditions Bartillat, 203 p.), le colloque de Montpellier se propose d'explorer à plusieurs voix ce monument d'écriture des douze dernières années du poète, pour lui-même et en relation avec l'activité littéraire, artistique et médiatique qui accompagne sa rédaction.

La vie du poète s'y donne à lire dans la société de ses pairs, lecteurs, amis, mécènes et familiers ; dans ses préoccupations d'écriture, d'édition et de posture(s) publique(s) ; dans sa culture et ses lectures, ses idées et opinions, ses goûts et dégoûts, sa relation au corps, au désir, au rêve ; dans ce qui fait son pain quotidien et son actualité médiatique ; dans ses souvenirs ; dans ses hauts et ses bas, ses reliefs et ses routines. Tout cela mériterait d'être regardé de plus près, comme il serait nécessaire d'étudier de plus près l'objet « journal » intitulé Le Passé défini, dans sa matérialité (des manuscrits et leurs pièces jointes à l'édition et ses options, qui ont évolué au fil des volumes), ses rythmes, cycles et rituels d'écriture, les fonctions variables que Cocteau lui donne au fil des ans, ou encore ses confrontations avec différents repoussoirs ou modèles (Gide, Valéry, Kafka, Green, Hugo, Chateaubriand, Nietzsche…). Car si le poète veut au début faire bref, proscrire le « bavardage » et comme sculpter sa vie quotidienne en la réduisant à l'essentiel, il laisse ensuite son journal devenir autre chose : un emploi du temps, un atelier de textes, « un bon vide-poches » (21 août 1955), un remède à la solitude, un tiroir à secrets, un lieu de pensée en liberté, un défouloir, et surtout, peut-être, la chambre d'écho d'une apologie de soi sans cesse reprise, demandant justice à la postérité pour son œuvre et son génie, certes salués à l'étranger mais si mal reconnus dans son pays.

Considérant ce mouvement d'une écriture sans cesse en dialogue (d'amitié ou de procès) avec autrui, on peut aussi se demander ce qui survit dans Le Passé défini de l'ambition de connaissance et de perfectionnement de soi qui, de Benjamin Constant et Stendhal à Gide, Green ou Jouhandeau, anime le genre. Un des grands intérêts de la forme « journal » n'est-il pas précisément de permettre à son auteur de se découvrir toujours un peu autre et ailleurs que là où lui-même se voit, en notant les mobilités, variations et parfois contradictions de son âme, les courants et bifurcations imprévues de ses pensées, de ses humeurs, de ses rêveries, de sa vie et des événements ? Car il y a dans le principe même de l'écriture journalière une capacité d'invention de soi aussi forte en principe que sa pente à susciter et entretenir une certaine bêtise de la pensée, faite de déjà-dit et de déjà-vu.

On n'oubliera pas non plus que, depuis la fin du XIXe siècle, tout journal d'écrivain est aussi travaillé par la question de son statut littéraire. « Puis-je faire du journal une œuvre ? » Barthes a consacré à cette question une « Délibération » fameuse en 1979, nourrie entre autres de sa lecture du Journal de Kafka. Cocteau l'aborde en poète qui met la poésie en toutes ses occupations et dans tous les genres. Poète, c'est-à-dire sensible « aux choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement », exact dans la pensée et dans le style (« Soigner sa pensée, la manier, la mettre en relief, c'est soigner son style »), et doué du privilège de « toucher juste et plus loin que toute science », écrivait-il en 1922 dans Le Secret professionnel. Une « religion de la poésie » qui est aussi une « éthique » et commande « un style de l'âme » (10 octobre 1951), modélise Le Passé défini en profondeur, justifiant une approche proprement esthétique du journal, dont l'entreprise réservée pour la postérité demanderait dès lors à être située dans l'économie artistique et littéraire de Cocteau au cours des années de sa rédaction.

Ces pistes d'étude, et d'autres, peuvent faire l'objet de propositions de communication, à adresser à Pierre-Marie Héron (spm.heron@gmail.com) jusqu'au 30 juin 2015.


Éléments de bibliographie

1/ Sur Le Passé défini

El Gharbie (Rana), Les Journaux de Jean Cocteau, Thèse de doctorat sld Henriette Levillain, Université Paris-Sorbonne, 2012.

Touzot (Jean), Cocteau à cœur ouvert, Paris, Bartillat, 2013.

Boulangé (Guillaume), « Jean Cocteau au fil de l'onde », in Jean Cocteau. Pratiques du média radiophonique, Pierre-Marie Héron et Serge Linarès (dir), Caen, Éditions Minard / Lettres modernes, Revue des lettres modernes, Série Cocteau, n° 7, 2013, p. 111-121.

Burgelin (Claude), « Cocteau et son journal : le miroir aveugle », in Lire Cocteau, C. Burgelin & M.-C. Schapira (dir.), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1992, p. 31-45.

Ducrey (Guy), « Haine du journalisme », in Cocteau journaliste, P.-M. Héron et M.-È. Thérenty (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2014, p. 157-168.

El Gharbie (Rana), « De la célébrité mondaine à la gloire posthume dans Le Passé défini de Jean Cocteau », Missile [revue de doctorants], n°1, septembre 2013, p. 3-7.

Lis (Jerzy), « Quelques réflexions sur le journal intime en France au XXe s. », Studia Romanica Posnaniensia, 17, 1993, p. 259-274.

Touzot (Jean), « Quand le crayon relaie la plume (les dessins en marge du Passé défini) », communication au colloque international de Salzbourg « Jean Cocteau. À la croisée des langages artistiques » (Autriche, 2-3 mai 2013), S. Linarès et S. Winter (dir.). Actes en préparation.

 

2/ Sur le journal personnel

Le Journal intime et ses formes littéraires, textes réunis par V. Del Litto, Genève, Droz, 1978.

Le Journal personnel, Philippe Lejeune (dir.), Nanterre, Publidix, 1993.

Les Journaux d'écrivains : enjeux génériques et éditoriaux, Cécile Meynard (dir.), Berne, Peter Lang, 2012.

Braud (Michel), La Forme des jours : pour une poétique du journal personnel, Paris, Seuil, 2006.

Didier (Béatrice), Le Journal intime, Paris, PUF, 1976.

Girard (Alain), Le Journal intime, Paris, PUF, 1963.

Lejeune (Philippe), Autogenèses (Les Brouillons de soi, 2), Paris, Seuil, 2013.

Lis (Jerzy), Le Journal d'écrivain en France dans la 1ère moitié du XXe siècle. À la recherche d'un code générique, Poznan, Wydawnictwo Naukowe UAM, 1996.

Marty (Éric), L'Écriture du jour. Le Journal d'André Gide, Paris, Seuil, 1985.

Pachet (Pierre), Les Baromètres de l'âme. Naissance du journal intime, Paris, Hatier, (1990), « Pluriel », 2001.

Rousset (Jean), Le Lecteur intime. De Balzac au journal, Paris, José Corti, 1986.

Simonet-Tenant (Françoise), Le Journal intime. Genre littéraire et écriture ordinaire, Paris, Téraèdre, 2004.
Responsable :
Pierre Caizergues (Montpellier 3, IUF), Christian Rolot (Montpellier 3), Pierre-Marie Héron (Montpellier 3, IUF), Guillaume Boulangé (Montpellier 3)
url de référence
http://rirra21.upv.univ-montp3.fr/
adresse
Montpellier (France)


9-10 novembre 2015 - PARIS - Yves Navarre : du romanesque à l'autobiographique

Un premier colloque organisé à NUI, Galway, Irlande en septembre 2014 a permis de réunir des personnes d'horizons divers pour échanger lectures et approches critiques sur l'oeuvre d'Yves Navarre (1940-1994), Prix Goncourt 1980 pour Le Jardin d'acclimatation (1980) et Prix de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre en 1992. Ces échanges fructueux ont donné lieu à la publication d'un recueil, Cahiers Yves Navarre n°1, en librairie le 8 avril 2015.

Le colloque de 2015 entend poursuivre les échanges amorcés dans un même esprit d'inclusivité et de transversalité, en faisant appel à tous ceux qui s'intéressent à l'auteur, qu'ils appartiennent au milieu artistique, universitaire ou littéraire. Cette diversité est à l'image de  l'oeuvre même d'Yves Navarre, qui a exploré tous les genres au sein d'une oeuvre majeure qu'il convient de redécouvrir. Théâtre, poésie, roman, chansons, textes autobiographiques constituent une riche palette que nous vous invitons à explorer.


Ce deuxième colloque se tiendra à l'EIVP (Ecole des Ingénieurs de la Ville de Paris), 80 rue Rébeval, 75019, Paris.
Ci-dessous, lien pour le programme détaillé :

http://www.karinebaudoin.com/un-colloque-international-consacre-a-yves-navarre-a-paris/

Sylvie Lannegrand, sylvie.lannegrand@nuigalway.ie
et Philippe Leconte, lecontephilippe@noos.fr


14-16 novembre 2015 - TURIN - Les écritures ouvrières en Europe (XIX-XXe siècle)

Première conférence de l’ELNH, Turin, 14-16 novembre 2015.

Atelier : Les écritures ouvrières en Europe (XIX-XXe siècle)

Une contribution à l’histoire culturelle des mondes du travail

Dans le cadre de la construction d’une histoire culturelle des mondes du travail « vue d’en bas », cet atelier propose l’étude des écritures ouvrières à l’échelle européenne.

Par « écritures ouvrières », nous entendons l’ensemble des textes produits par des ouvriers ou ouvrières aussi bien ceux écrits « à chaud » dans le cadre de l’action politique et/ou syndicale comme les tracts, outils de combat reflétant souvent mais pas toujours l’appropriation des cultures politico-syndicales mais qui sont aussi des cris de révolte contre « l’ordre usinier » et/ou l’ordre politique, que les textes écrits rétrospectivement comme les autobiographies, récits de vie, journaux intimes et d’usines, textes littéraires et poétiques. Ce sont autant de « mémoires du travail » composées de gestes, lieux et pratiques de solidarité mais aussi de désirs de libération ou tout au moins d’émancipation non plus seulement collective mais aussi individuelle.

A travers des études de cas diversifiés, nous proposons trois axes de réflexion en interaction :
•    Etudier les écritures ouvrières comme des réponses à tout un ensemble de discours tenus par les dominants sur les ouvriers, le plus souvent sur un mode dépréciatif ou qui viennent stigmatiser un comportement supposé. Or les scripteurs ouvriers, qui ont pu lire ou entendre ces verdicts, les réfutent aussi ces discours sous des formes diverses, même de manière implicite. Par là, ces écritures peuvent constituer aussi des « actes politiques » en soi et des modes d’émancipation.

•    Comprendre les raisons et les modalités de l’engagement dans l’écriture des ouvriers et ouvrières. Autrement dit, il importera d’examiner comment ces individus, porteurs (ou non d’une culture ouvrière transmise par l’univers socio familial, armé (ou non) d’un bagage idéologique et « romanesque » typique de prescriptions politico-syndicales, et d’un « braconnage» de lectures plus personnelles, sont passés d’une culture ouvrière politico-syndicale à une culture ouvrière « littéraire ». Comment passer de l’écriture de tracts et de discours à d’autres formes d’écriture ? Quels sont les livres et les auteurs qui peuvent être considérés comme des « modèles » ou des références ? Peut-on identifier des « passeurs culturels » ?
•    Prendre en compte aussi les écrits des ouvriers et ouvrières qui ne sont pas engagés dans des partis politiques ou des syndicats: que disent-ils sur les limites de la portée du mouvement ouvrier? Quelles expériences et valeurs ont-ils partagées avec les militants engagés? Qu’est ce qui les différencie? Quel rôle l’écriture a-t-elle joué dans leurs vies?

•    A partir des analyses thématiques et formelles de ces écritures ouvrières, procéder à des comparaisons à l’échelle européenne. On peut en effet se demander si le mouvement ouvrier européen a construit un univers commun d'écritures ouvrières militantes. On peut aussi s’interroger sur l’autonomie des écrits des ouvriers spécialisés de la génération 68 par rapport au mouvement ouvrier : l’émergence du « Je » émancipateur est-elle limitée à ces années et est-elle un processus répandu dans tous les milieux ouvriers européens ?

Ces approches permettront aussi une discussion sur les effets de ces expériences d’écritures sur les individus et donc sur l’évolution des identités ouvrières et/ou militantes à l’échelle européenne (XIX-XXe siècle).

Langues : Anglais et français
Nous vous invitons donc à envoyer un résumé de votre contribution (200 mots au maximum) aux coordinateurs  avant le 30 juin 2015:

Timothy Ashplant, Centre for Life-Writing Research, King's College London, t.g.ashplant@kcl.ac.uk
Nathalie Ponsard, Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, nat.ponsard@wanadoo.fr


26 novembre 2015 - MONTPELLIER - Que faire des témoignages ?

"Les témoignages entre usages sociaux et qualifications scientifiques"

« Que faire des témoignages ? (1)
Les témoignages entre usages sociaux et qualifications scientifiques »

Journée d’étude Maison des Sciences de l’Homme de Montpellier (MSH-M)
Programme « Fait colonial et fait guerrier : jeux de miroir et perspectives croisées »

En partenariat avec :
-    le Centre d’études politiques de l’Europe latine (UMR 5112-CEPEL, Université de Montpellier),
-    le Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (EA 4424-CRISES, Université Paul Valéry de Montpellier),
-    la Fondation pour la mémoire de la Déportation (FMD)
-    et le Collectif de recherches international et de débat sur la Grande Guerre (CRID 14-18)


Jeudi 26 novembre 2015
Faculté de droit et de science politique – Université de Montpellier
Amphi 301, bâtiment 2, rue du Cardinal de Cabrières

Responsable scientifique : François BUTON (Université de Montpellier, CEPEL)


Introduction de la journée : François Buton (10.00-10.15)


Première session : Les usages sociaux de l’acte de témoigner (10.15 - 12.15)

-    10.15 - Sébastien LEDOUX (Université Paris 1, CHS XXe siècle) :
« Usages sociaux des témoins du procès Barbie (années 1980-1990) »
-    11.00 - Cécile JOUHANNEAU (Université Paul Valéry Montpellier, Art-DEV) :
« Témoigner et gouverner. Les usages judiciaires, militants et partisans des témoignages sur les camps en Bosnie-Herzégovine (1992-2010) »
-    11.45 – Discussion générale

Deuxième session : Les qualifications savantes des témoignages (14.00 – 17.00)

-    14.00 - Thierry HARDIER (CRID 14-18) :
« L'exploitation du témoignage atypique du combattant Georges Leroy (1914-1918) »
-    14.45 - Florent BRAYARD (EHESS, CRH) :
« Goebbels sous forme numérique. Nouvelles approches. »
-    15.30 - Charlotte LACOSTE (Université de Lorraine, CREM) :
« Qu'est-ce qu'un témoignage ? De la polymorphie de l'objet testimonial dans les sciences humaines à sa dissolution en littérature »
-    16.15 – Discussion générale



28 novembre 2015 - PARIS - Le journal de Jehan-Rictus

Organisée par l'Association pour l'autobiographie, Table ronde animée par Gilles Alvarez autour de la récente publication du Journal de Jehan-Rictus. A la Maison des Associations, 181 avenue Daumesnil, 75012 Paris, à 15h.



10 décembre 2015 - MONTPELLIER - Enjeux de l'usage scientifique des témoiganges

« Que faire des témoignages ? (2)
Enjeux de l’usage scientifique des témoignages »

Journée d’étude Maison des Sciences de l’Homme de Montpellier (MSH-M)
Programme « Fait colonial et fait guerrier : jeux de miroir et perspectives croisées »

En partenariat avec :
-    le Centre d’études politiques de l’Europe latine (UMR 5112-CEPEL, Université de Montpellier),
-    le Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (EA 4424-CRISES, Université Paul Valéry de Montpellier),
-    la Fondation pour la mémoire de la Déportation (FMD)
-    et le Collectif de recherches international et de débat sur la Grande Guerre (CRID 14-18)

Jeudi 10 décembre 2015

Faculté de droit et de science politique – Université de Montpellier
Amphi 301, bâtiment 2, rue du Cardinal de Cabrières

Responsable scientifique : François BUTON (Université de Montpellier, CEPEL)

Introduction de la journée : François BUTON (9.30-9.45)

Première session : Croiser les sources, contextualiser les témoignages (9.45-12-45)

-    9.45 - Axel POHN-WEIDINGER (EHESS-Centre Georg Simmel) et Fabien DESHAYES (Université Paris 8, GTM-CRESSPA) : « Que nous apprend une correspondance de guerre ?
-    10.30 - Denis LEROUX (Université Paris 1, CHS XXe siècle) : « Les héritages de l'action psychologique dans les entretiens avec des soldats de la guerre d'Algérie »
-    11.15 - Bernard PUDAL (Université Paris Ouest Nanterre, CSU-CRESSPA) : « La tentation biographique : deux études de cas »
-    12.00  – Discussion générale


Deuxième session : Des témoignages aux corpus (14.00-17.00)

-    14.00 - Agnès STEUCKARDT et Nathalie AUGE (Université Paul Valéry Montpellier, PRAXILING) : « Constituer et exploiter un corpus de correspondances : l’exemple de Corpus 14 »
-    14.45 - Laurent JOLY (EHESS, CRH) et Françoise PASSERA (Université de Caen, CRHQ) : « Le site Ecrits de guerre et d'occupation (EGO 39-45). De la base documentaire à l'exploitation scientifique »
-    15.30 - Helena TRNKOVA (Université Paul Valéry Montpellier, CRISES) : « Composer un corpus cohérent face à la diversité: le cas des témoignages de 14-18 des soldats de l'armée austro-hongroise »
-    16.15 – Discussion générale